Interview de Eric Hoesli, une épopée sibérienne

Journaliste, rédacteur en chef, fondateur du quotidien le Temps en 1997, Eric Hoesli a travaillé pour la plupart des médias de la presse écrite romande. De 2005 à 2014, il est Directeur éditorial du groupe Edipresse puis de Tamedia et responsable à ce titre des journaux romands 24 Heures, la Tribune de Genève, Le Matin, le Matin Dimanche ainsi que de plusieurs magazines tels que Bilan ou Terre et Nature et des titres locaux et siège au Conseil d’administration de l’agence télégraphique suisse (ats). Professeur titulaire à l’Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne et professeur invité au Global Studies Institute (GSI) de l’Université de Genève, Eric Hoesli est responsable du programme Geneva Global commun aux deux institutions et à l’Université de Lausanne consacré en particulier à l’Arctique russe.

En 2006 il publie un livre consacré à l’histoire de la conquête russe du Caucase, « A la Conquête du Caucase ». La publication d’un autre livre, “L’épopée sibérienne“, consacré à l’histoire de la conquête de la Sibérie et du Grand Nord et fruit de nombreux voyages, est prévue au mois de mars 2018.

Ses travaux ont été récompensés par plusieurs distinctions professionnelles et honorifiques, dont le Prix Jean Dumur de journalisme et le titre de Chevalier des Arts et des Lettres de la République française.

Interview réalisée par Carole Grimaud Potter à Genève, le 12 décembre 2017

Ces derniers temps, on assiste à un regain d’intérêt autour de l’Arctique, dans la presse et de nombreuses analyses sont publiées, sous divers angles ( géopolitique, militaire, environnemental ou économique). L’Arctique est-il en train de devenir un sujet de préoccupation grandissante au sein des gouvernements non arctiques et quelles en sont les raisons ? La Russie ne fait que très peu l’objet d’analyses complètes, hormis sa stratégie militaire ou économique dans le Grand Nord. L’histoire de l’Arctique russe, son développement, la perception de cet espace dans la politique soviétique et actuelle restent encore très méconnue. Selon vous, dans un climat international tendu, quel serait l’avantage pour les pays occidentaux, de mieux connaître l’Arctique russe ?

La raison principale de ce regain d’intérêt est, à l’évidence, les effets du changement climatique. Il apparaît de plus en plus vraisemblable que la voie maritime qui permet de gagner l’Asie par le nord de l’Eurasie (la Route Maritime du Nord ou le passage du Nord-Est) va être pratiquable d’ici quelques années, ce qui modifie considérablement les plans stratégiques. Le deuxième facteur d’intérêt sont les sondages qui ont été réalisés dans la zone Arctique qui montrent que le potentiel en matières premières (pétrole et gaz en particulier) est considérable. Les évaluations américaines font état de un quart des ressources mondiales non prouvées aujourd’hui. Ce regain d’intérêt massif ne se limite pas aux pays arctiques qui eux,  travaillent depuis de nombreuses années à trouver des règles et  un mode de coopération dans leur zone. Mais on voit  des pays non arctiques, en tout premier lieu, la Chine, qui aujourd’hui, est en train de multiplier les initiatives dans cette zone, avec la construction de nouveaux brises-glaces afin d’utiliser cette voie maritime. La Chine s’est installée de manière impressionnante en Islande, dont elle a fait un de ses relais géopolitiques les plus importants. Elle travaille beaucoup avec les Russes aussi sur la gestion et l’usage de la voie maritime. La Corée, le Japon, Singapour sont également présents et tardivement,  l’Union Européenne où quelques efforts des pays non arctiques se développent aujourd’hui pour avoir une sorte de stratégie européenne dans l’Arctique. A l’évidence, effectivement, on va vers des années d’intérêt encore plus marqué. Un des signes est le nombre croissant de candidatures d’Etats au rang de pays observateurs du Conseil Arctique. La Suisse ayant été le dernier pays admis en 2017. On voit bien qu’il y là un afflux général.

Effectivement, et pour répondre à la deuxième question, cela se double souvent d’un nuage de préjugés et d’éléments un peu fantaisistes dans la presse et les médias sur ce qu’est la situation diplomatique et géopolitique dans l’Arctique. Finalement, on voit apparaître de nombreux clichés classiques sur les conflits guerre froide et autres entre Russie et les Etats occidentaux, appliqués à l’Arctique de manière mécanique, sans beaucoup de prudence. Or, précisément, l’intérêt de l’Arctique c’est qu’il s’y développe aujourd’hui un mode de coopération relativement discret mais efficace entre des puissances qui sont pourtant d’habitude en conflit ou en tout cas en contentieux aigu sur d’autres sujets, en particulier les Etats Unis, le Canada, l’Islande et la Norvège et de l’autre côté, les russes. On a en réalité une zone de laboratoire géopolitique et diplomatique et ce qu’il s’y passe est assez loin des images très simplistes et sommaires qu’on voit apparaître dans les médias.

En tant que nouveau pays observateur du Conseil Arctique, quel peut-être le rôle et l’influence de la Suisse dans les discussions actuelles et futures pour la région  ?

La Suisse n’a pas pour ambition de devenir un acteur arctique important. A l’évidence, cela surprend beaucoup de gens d’imaginer que la diplomatie suisse produit autant d’effort pour parvenir dans un cénacle qui touche l’océan arctique alors que nous ne sommes même pas un Etat maritime. En réalité, il s’agit d’un enjeu scientifique essentiel. La Suisse développe un concept de “diplomatie de la science” sachant que finalement son image dans ce domaine, c’est à dire l’innovation, la formation, la recherche est bonne, en particulier dans la recherche polaire. Que ce soit en Arctique ou en Antarctique, la Suisse a une grande expérience et une grande histoire et aimerait la mettre à profit et la partager aussi avec les autres Etats acteurs de cette scène scientifique. C’est vraiment le moteur principal de sa démarche pour obtenir ce siège. Marginalement, le climat et le nombre restreint de participants du Conseil Arctique est aussi un avantage puisque dans les rencontres organisées par le Conseil Arctique, on peut avoir le privilège pour un petit pays comme la Suisse, de cotoyer des grands Etat comme les Etats Unis ou la Russie de manière informelle et encore une fois dans un climat qui est assez loin des climats de tension que l’on connait par ailleurs. Il y a là un avantage en terme de rapports internationaux et de contacts. Ce sont les ambitions de la Suisse, son rôle va être marginal mais il va certainement contribuer aussi à accentuer le climat de détente et surtout à la poussée en terme d’intérêts scientifiques qui a lieu dans la région.

Lors du dernier forum de l’Arctique, en mars 2017, le Président finlandais a déclaré que la géopolitique ne devait pas jouer dans l’Arctique. Récemment, la plus grande conférence sur l’Arctique “What kind of Arctic do we want” a eu lieu en Finlande. Sur les 330 participants internationaux présents, seulement 7 venaient de Russie et aucune chaise n’a été réservée dans les discussions pour la Russie, pays membre du Conseil Arctique et qui constitue la moitié de l’Arctique. Voyez-vous un durcissement des positions occidentales face à la Russie et par là même, une juxtaposition des enjeux géopolitiques mondiaux sur la scène arctique ?

Pour l’instant, je pense que le durcissement n’est pas encore survenu. Le climat actuel, dans le Conseil Arctique, est très fortement marqué par la présidence finlandaise, qui cherche à faire de la politique climatique et des efforts en terme de recherche et d’adaptation aux changements climatiques dans cette région qui est très fortement frappée par le changement climatique. C’est sa priorité. Sur cet aspect, comme sur celui de la recherche scientifique, on voit aujourd’hui des avancées. Il y a eu une nouvelle convention proposée par les Etats membres du Conseil de l’Arctique lors de leur dernière réunion, donc le climat de coopération et de détente est pour l’instant, encore tout à fait dominant. On a vu aussi le Canada qui était un des éléments les plus nerveux ou parfois relativement agressif ces dernières années, choisir une attitude nettement plus conciliante du fait de l’arrivée du nouveau gouvernement Trudeau. Tout cela est évidemment sous réserve de l’attitude américaine, qui, pour l’instant, en terme de politique arctique, n’est pas encore très claire. On peut comprendre d’ailleurs que la nouvelle administration Trump n’a pas fait de l’Arctique sa priorité d’où une grande incertitude  règne sur ce qui pourrait se produire dans cette zone du monde. Mais, pour l’instant, je dirais que c’est une zone relativement préservée, paradoxalement préservée, car les acteurs sont souvent ceux qui, par exemple, sur le dossier ukrainien ou de géopolitique mondiale, sont aujourd’hui aux prises. Donc on a une sorte d’exception favorable pour l’instant et  il faudrait essayer effectivement de veiller à la conserver. Je crois que c’était l’esprit de la déclaration finlandaise même si il est assez naïf d’imaginer que l’on puisse extraire de la géopolitique et des rapports de forces mondiaux quelque région que ce soit et ce ne sera pas le cas. En revanche,  dans l’Arctique il y a davantage d’intérêts convergents que d’intérêts divergents.

L’URSS a considérablement pollué l’Arctique, surtout durant la guerre froide. Des sous-marins nucléaires de cette époque ont laissé plusieurs tonnes d’uranium dans des fûts, dans la baie d’Andreiev, soit deux fois plus que le contenu des réacteurs de Tchernobyl après la catastrophe. L’opération de décontamination ne commencera qu’en 2023, malgré les fonds européens et canadiens. Y a-t-il d’autres déchets nucléaires dans l’Arctique russe et quelle est la position russe par rapport aux enjeux environnementaux dans ce fragile écosystème ?

Il y a effectivement toute une série de problèmes environnementaux qui se posent dans l’Arctique russe. Les déchets nucléaires n’en sont qu’une partie. Les reliquats en terme de déchets de toute la période soviétique sont maintenant à gérer par la Russie d’aujourd’hui, ce qui est considérable. En effet, les stations soviétiques, situées sur les archipels de l’Arctique ou sur les côtes sibériennes ou européennes ont abandonné tout ce qui leur avait été nécessaire. Donc on a dans de nombreux endroits des montagnes de déchets, de fûts abandonnés dont le contenu est souvent encore à déterminer, parce qu’il y a encore des restes de liquides. C’est une tâche colossale devant la Russie. La Russie a entrepris un très gros chantier de nettoyage de ces stations. Elle l’a commencé par les parcs nationaux en entamant une politique très ambitieuse de protection du patrimoine dans la zone arctique, de nombreux parcs nationaux ou réserves ont été créées (les statuts sont différents) et le nettoyage de ces endroits a commencé en fonction des priorités légales. On a pu constater cet été, avec les étudiants du programme Geneva Global, que plusieurs endroits que j’avais visité auparavant avaient été complètement nettoyés, ce qui est assez impressionnant. Il s’agit en effet de stocks de fûts qu’il faut identifier, puis répartir les liquides, les trier. Ensuite il faut les amener sur des barges, car ces stations sont souvent inaccessibles pour des bateaux de haute mer puis sur des compresseurs qui sont en mer et qui pressent les déchets métalliques pour ensuite les rapatrier. Ce programme est en cours et la tâche qui reste est énorme, il y a encore des cités fantômes, de véritables villes de parfois plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’habitants qu’on peut visiter sur la côte arctique russe, réduites à l’état de fantôme. Quelques maisons sont encore en état d’habitation, tout le reste a été abandonné à la fin de l’Union soviétique au moment où tout s’est effondré dans le Grand Nord. L’héritage est lourd et difficile à gérer pour la Russie et le nucléaire en fait partie. Les dernières estimations faites en terme de pollution nucléaire montrent que pour l’instant les éléments radioactifs issus des sous-marins nucléaires qui ont été effectivement jetés à la mer proche de la côte de Novaïa Zemlia en particulier, n’ont pas eu d’effets de diffusion nucléaire pour l’instant mais il est évident aussi qu’il va falloir les extraire, les stocker. Un chantier important est en cours dans la région de Mourmansk pour créer une zone de traitement et d’entreposage de déchets radioactifs mais évidemment c’est à la fois une tâche énorme et des coûts très importants. Je pense que c’est une bonne idée de la part des Européens d’y participer, il est de l’intérêt des Norvégiens de ne pas avoir dans leur voisinage immédiat des déchets nucléaires qui ont fait des gros efforts dans cette direction. C’est en cours mais tout le monde souhaiterait que cela puisse se dérouler plus rapidement.

La perception russe de la situation environnementale est très proche de celle des Occidentaux, il n’y a pas de déni du sérieux de la situation dans la zone arctique. La politique ambitieuse de protection du patrimoine couvre aussi des régions proche des grands gisements pétroliers. La législation en terme de plate-formes offshore s’est durcie en Russie. Les compagnies russes et occidentales ont considérablement freiné leurs vélléités de prospection en mer devant les incertitudes technologiques d’une part mais aussi, devant la chute du cours du pétrole qui rendent ces opérations très peu rentables. On a une sorte de pause qui nous est accordée aujourd’hui par le marché du pétrole et les Russes ont fait de l’exploitation sur terre ou depuis la terre (en creusant en biais depuis la rive) leur priorité. Il n’y a pas pour l’instant d’immenses projets de prospection offshore.

Vous êtes responsable du  projet Geneva Global, commun à l’Université de Genève et de Lausanne ainsi que de l’Ecole Polytechnique de Lausanne. La Russie est le projet pilote de ce programme, avec des enseignements spécifiques sur la Russie et deux voyages sur le terrain dont celui de juillet 2017 en Arctique, portant sur le l’impact du changement climatique dans le Grand Nord russe, en partenariat avec les universités d’Argankelsk. Pouvez-vous nous dire quel est le but de ce programme et quelles en sont les retombées scientifiques ou politiques  pour la Suisse et pour la Russie ? Quels sont les projets de Geneva Global pour 2018 ?

L’idée fondatrice de ce programme consiste à permettre à des étudiants de Master de ces trois universités de compléter leur formation dans leur discipline de base par une expérience unique dans une autre région du monde. Le principe est simple : on croise une problématique d’échelle  globale et son application dans une région non européenne. Comment ce monde global affronte des problématiques d’échelle planétaire ? Le programme pilote qui a été lancé sur la Russie croise la problématique du changement climatique et son impact dans le Grand Nord russe. A l’EPFL une filière parallèle sur la Chine et sur la division du travail international est déjà en place, de concevoir un objet connecté, ici à l’EPFL et ensuite d’aller le créer pendant quelques semaines de terrain en Chine. Un autre projet va démarrer incessamment en terme de patrimoine naturel en Afrique sub-saharienne et un dernier en terme de santé publique en Amérique latine. Ceci est le cadre philosophique de ce projet. La Russie n’en est que le pilote au départ. L’expérience a été conduite l’été dernier, en envoyant des étudiants soit sur un bateau de recherche scientifique dans l’Arctique soit dans une station de recherche russe dans le delta de la Léna. Les étudiants font un travail de terrain autour de l’impact du changement climatique (les échanges entre mer et atmosphère par exemple ou en terme de CO2, ou l’étude du zooplancton dans les nouveaux environnements océaniques ou des questions liés au pergélisol ou des travaux sur la littérature d’exploration et de voyages…des travaux en droit international sur le traitement des déchets, etc…). Le cadre est interdisciplinaire et il est appliqué à la Russie. Pour se préparer à ce travail de terrain, les étudiants faisant partie du programme ont des cours de préparation pendant deux semestres autour de la problématique centrale, le changement climatique pour la Russie. La première expérience du programme s’est révélée extrêmement intéressante, la deuxième volée partira en été 2018, reconduire l’expérience dans les zones que l’on a faites cette année. On travaille sur 2019 sur une extension possible des terrains en Russie (la construction d’infrastructures lourdes en environnement vulnérable et extrême dans le Grand Nord, telles que les grandes transversales ferroviaires dont les dimensions sont aujourd’hui impossible à étudier en Suisse ou même en Europe, où l’on n’a plus de chantiers de ce type là mais existant encore dans le reste du monde). L’idée est de combiner des ingénieurs et des historiens, des économistes pour ce type de travaux en Russie. Le programme Geneva Global prend son essor, cela fonctionne extrêmement bien, même si cela n’est pas simple de rassembler des étudiants issus de facultés différentes avec chacune leurs contraintes réglementaires. Mais le programme est bien parti et j’espère que nous continuerons à le développer.

Pouvez-vous nous parler de votre livre “L’épopée sibérienne” qui sort en librairie au printemps 2018  ?

Je travaille depuis quelques années à ce livre dont le thème est l’histoire de la conquête de la Sibérie et du Grand Nord par la Russie. Ce qui m’a frappé au départ, c’est qu’il n’existe quasiment rien en français sur cette épopée incroyable qui a duré plusieurs siècles et qui est encore en cours d’assujettissement de la nature, des peuples et de cet espace incroyable qui se trouve à l’Est de l’Europe, alors même que notre culture est remplie d’éléments liés à la conquête de l’Ouest. Paradoxalement, on connait mieux ce qui s’est passé dans les plaines de l’Ouest américain, y compris avec la tragédie de la disparition des peuples amérindiens, que ce qui s’est passé à l’Est. La question de départ était : comment se fait-il que l’on en sache aussi  peu ? J’ai travaillé une dizaine d’années sur ce livre et je me suis rendu compte que c’est une histoire incroyablement riche en personnalités, en aventures, en anecdotes, en grands projets… un scénario rêvé pour un amateur d’histoire. J’ai écrit ce livre dans l’objectif de rendre cette histoire accessible et non une publication universitaire de pointe, ce qui était par nature impossible, puisque le livre embrasse une période très longue et que j’ai ensuite découpée en grandes parties qui touchent les grands moments de cette conquête, les grands thèmes tels que l’affrontement avec la Chine, la découverte de l’Amérique du Nord avec la conquête de l’Alaska, la découverte du pétrole et du gaz qui ont fait la prospérité de l’URSS et qui ont contribué ensuite à sa chute… L’idée était de raconter tout cela à travers des personnages et des histoires vraies et vérifées mais qui ont vraiment un sens, qui apprennent quelque chose au lecteur et qui lui donne un éclairage sur ce qui s’est passé dans cette zone. Cela m’a pris beaucoup de temps pour tout lire, trier et rédiger. La rédaction a également été une aventure pour moi, je me suis rendu sur place, j’ai rencontré les historiens de chacune des régions, écouté ce que les Russes ont à dire sur leur propre histoire et non simplement parachuter des idées établies qui ne tiennent pas assez compte des perceptions de leur propre histoire. Donc j’ai essayé de faire en sorte que ce livre soit aussi intéressant qu’un roman et d’avoir pu réussir à interpréter cette épopée formidable de notre façade Est. Le livre paraît en mars 2018.

 

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