La conquête militaire de l’Arctique russe

Le sujet de la militarisation est régulièrement utilisé dans les médias pour postuler l’émergence d’une nouvelle guerre froide en Arctique.1 Les titres tels que « Kalter Krieg ums schmelzende Eis 2», « La Russie se déploie en Arctique »3 , « New Cold war in Arctic ? Russia unveils virtual tour of new military base »4 apparaissent dans la presse. Les médias utilisent les anciennes images de la guerre froide pour expliquer la situation actuelle en Arctique procédant par une juxtaposition des images historiques. Egalement dans la littérature scientifique occidentale, la stratégie militaire russe fait l’objet de critique. Particulièrement depuis la crise en Ukraine, certains experts craignent que l’investissement russe dans l’ infrastructure militaire puisse déstabiliser l’équilibre des forces en Arctique.5

L’image actuelle d’une remilitarisation de l’Arctique russe de type guerre froide est-elle justifiée ?

L’image d’une nouvelle militarisation de l’Arctique russe et la comparaison avec la période de la guerre froide est-elle une simple exagération ou la juxtaposition des deux périodes historiques est-elle justifiée ? Afin de répondre à cette question, il conviendra de déterminer dans un premier temps, si l’on se trouve devant une réelle militarisation russe en Arctique. En effet, les livres de Laruelle, Josephson et McCannon présentent tous une vision différente à ce sujet.

En janvier 2008, le sous-marin nucléaire, Iouri Dolgorouki, sort de son dock flottant à Severodvinsk. Alors que sa construction a été arrêtée en 1998 en raison de problèmes financiers, elle a été reprise en 2001. Pour les années 2019 et 2020, deux nouveaux sous-marins – Generalissimus Suvorov et Knyaz Pozharskiy – vont rejoindre Dolgorouki dans la classe Boreï pour renforcer la flotte du nord.6 En outre, pour 2020, la Russie planifie la construction de trois brise-glaces.7

Le brise-glaçe nucléaire Yamal

En 2001, la Russie envoie le brise-glace soviétique Yamal (entré en service en 1992) au pôle Nord pour célébrer le nouveau millénaire.8 Comme le souligne Joseph McCannon, cette célébration marque également le retour de la Russie sur la scène mondiale dans l’Arctique avec la même année, la demande de la Russie pour l’expansion de son plateau continental9 auprès des autorités compétentes de l’ UNCLOS.

En 2007, Poutine ordonne la reprise des patrouilles aériennes régulières sur l’Arctique et, depuis lors, les bombardiers stratégiques construits encore en Union soviétique, comme le Tupolev Tu-95 « Bear », le Tu-160 « White Swan » et le Tu-22M3 « Backfire » font des patrouilles au dessus du territoire arctique.10

Tous ces exemples montrent le renforcement de la présence militaire russe dans le Grand Nord.

L’interprétation divergente des études scientifiques

Dans les études scientifiques, le nouvel investissement militaire russe est interprété de manière différente – certains y voient un rapprochement de la militarisation de l’Arctique à celle qui existait pendant la guerre froide (Josphson) ; d’autres soutiennent que la Russie restore sa présence en Arctique après une longue absence et commencé avec les années de la perestroïka (Laruelle).

La raison de ces diverses interprétations s’explique par le fait que les auteurs utilisent des données de référence différentes. Ainsi, Paul Josephson compare l’investissement militaire de la Russie actuelle aux activités militaires russes sous Gorbatchev et Ieltsine. Dans son étude, il présente la militarisation de l’Arctique russe sous Poutine comme une conséquence logique de la politique de conquête telle qu’elle a déjà existé en URSS. Ainsi, P.Josephson décrit le passage de la perestroïka à la gouvernance de Poutine comme suit :

In the Gorbachev era (1985-1991), but especially under Russian President Boris Yeltsin (1991-2000), Arctic assimilation fell on extremely hard times. Budgets dried up, while inflation consumed what was left. […] All this has changed in the twenty-first century under President Putin […] and Medvedev (2008-12). Russian leaders have determined to reestablish a strong military presence in the Arctic and to harness resources, especially oil and gas. They see Arctic programs as crucial to Russia’s identity as a superpower, as space and nuclear energy were in the Soviet period (and still are).11

A cette vision d’une militarisation renforcée s’oppose celle de Marlène Laruelle dans Russia’s Arctic Strategies and the Future of the Far North. Elle insiste sur le fait qu’il n’y a pas de militarisation du Grand Nord et que les craintes d’une conquête russe de l’Arctique – comme elles sont souvent exprimées par les médias occidentaux – ne sont pas justifiées.12 Comme Paul Josephson, Marlène Laruelle constate que depuis 2008, la présence militaire russe en Arctique a fortement augmenté.13 Néanmoins, elle n’y voit pas un indice pour un armement massif.

Ces différentes interprétations sont possibles car en effet, Marlène Laurelle et Paul Josephson comparent leurs données à des périodes historiques différentes. Ainsi, M. Laruelle ne compare pas la militarisation russe actuelle à celle des années quatre-vingt-dix comme le fait P. Josephson – pendant ces années, la Russie était quasiment absente en Arctique. Elle se réfère plutôt aux années de la guerre froide pendant lesquels l’activité russe en Arctique était très importante. En utilisant ces autres données de base, elle arrive à la conclusion que « [r]etrospectively, the current Russian military presence in the Arctic is still minimal compared to that in the Soviet period »14.

172 sous-marins soviétiques en 1980

Effectivement, quand on regarde les chiffres précis, ce constat est très pertinent. Par exemple, alors que l’URSS avait en 1980 encore 172 sous-marins, la Russie actuelle en a seulement 30.15 De plus, la flotte russe est principalement une ancienne flotte qui a seulement été restaurée, mais pour la plupart non renouvelée depuis l’époque soviétique.16 Comme la présentation au début de cet article a montré, l’infrastructure militaire russe en Arctique, comme le Tupolev Tu-95 « Bear », le Tu-160 « White Swan » et le Tu-22M3 « Backfire » et le brise-glace Yamal, datent encore de l’ancienne infrastructure soviétique.

La nouvelle doctrine navale russe de 2015 et le danger de l’OTAN

le nouveau brise-glaçe nucléraire Arktika

Mais il faut souligner que depuis la publication du livre de Marlène Laruelle en 2014, la situation géopolitique en Arctique a changé (et ce particulièrement depuis la crise en Ukraine) et la présentation de la flotte russe comme une armée « still lost in transition » 17 a perdu sensiblement de son actualité. Ainsi, en juillet 2015, Poutine a approuvé une nouvelle version de la doctrine maritime russe. Dans ce document, l’Atlantique est identifiée comme l’une des deux régions (avec la Méditerranée) où les activités de l’OTAN et la compétition internationale pour des ressources naturelles et des routes maritimes continuent à croître.18 En réponse à cette nouvelle compétition, la Russie devait, comme il est mentionné dans le document, entreprendre des « mesures adéquates »19. Selon cette doctrine maritime, la flotte navale devait passer par une modernisation jusqu’en 2020. Une des premières conséquences de cette modernisation est la construction du brise-glace Arctica en 2017 dans le cadre du projet 22220 qui a pour but de remplacer les anciens brise-glaces hérités de l’Union soviétique. Il faut également mentionner que dans la doctrine navale de 2015, l’opposition entre l’OTAN et la Russie, déjà présentée dans l’ancienne doctrine de 2001, est encore plus prononcée. Ainsi, les tensions entre la Russie et l’Occident y sont clairement visibles par le fait que l’OTAN y est identifiée comme un facteur de danger pour la Russie.20 La doctrine de mer fait donc revivre dans une certaine mesure l’ancienne pensée de deux blocs opposés entre l’est et l’ouest (ce discours sera également observé dans certaines interviews faites avec des participants de l’expédition de l’Université flottante ainsi que dans les médias).

La diversité des conflits en Arctique, facteur de désunification du bloc de l’OTAN

En revanche, malgré le recours à l’ancien discours des « deux blocs » de la guerre froide, il faut souligner que la théorie des deux fronts opposés a connu un changement important par rapport à l’époque soviétique. Alors que durant la guerre froide, les deux blocs représentaient des blocs unifiés, on assiste actuellement à une diversité de conflits en Arctique dans lesquels les membres de l’OTAN ne constituent plus un groupe uni comme le montre les diverses disputes entre le Canada, les États-Unis, le Danemark et la Norvège.21

Ce changement est dû au fait que l’Arctique n’a plus seulement une importance militaro-stratégique aujourd’hui, mais aussi – et surtout – une importance économique. Alors que pendant la guerre froide, l’Arctique était un territoire de confrontation – surtout à cause de la proximité entre les Etats-Unis et l’URSS – aujourd’hui, cette proximité n’est pas seulement perçue comme un risque, mais aussi comme un avantage,,22 comme on le retrouve également dans les interviews avec les participants de l’expédition « Université flottante » à ce sujet AJOUTER LIEN

La nouvelle fonction scientifique du militaire dans l’Arctique

Malgré la modernisation renforcée du secteur militaire en Arctique, il serait faux d’y voir une militarisation excessive comme à l’époque de la guerre froide. Tout d’abord en raison de la différence numérique entre l’infrastructure militaire pendant les années de guerre froide incomparable à celle d’aujourd’hui,  Puis, en raison de l’ infrastructure en tant que telle, qui n’a pas seulement des objectifs militaires aujourd’hui, mais elle aussi des tâches civiles et scientifiques à remplir. Par exemple, les bases aériennes et navales soviétiques, réouvertes depuis les années 2000, ont la double fonction de base militaire et de centre de recherche et de sauvetage.23 Avec la fréquentation de plus en plus importante du passage du Nord-Est, ces centres remplissent une fonction centrale (voir notre article La Route Maritime du Nord : stratégie de sécurité).

La fonction scientifique du militaire se manifeste par exemple dans le fait que lors de l’expédition Arktika-2012, qui avait pour but de prouver que la dorsale de Lomonosov faisait partie du plateau continental russe, la marine russe a été convoquée pour faire le brochage dans le sol.

De même, en septembre 2012, le sous-marin nucléaire Kalitka a été utilisé comme guide pour les brise-glaces Capitaine Dranitsyn et Dickson qui faisaient des différents brochages dans le sol de la dorsale de Mendeleïev.24

Enfin, l’on ne peut parler d’une militarisation en raison de la  fabrication domestique russe des brise-glaces et d’autres bateaux militaires qui est encore trop lente. Comme le montre le marché annulé avec la France après la crise en Ukraine qui prévoyait la vente de deux Mistrals français, la Russie doit ’elle-même prendre en charge la fabrication d’une nouvelle infrastructure militaire.25 Pour l’instant, ses capacités sont encore trop restreintes pour pouvoir rapidement renouveler l’ancienne infrastructure soviétique en Arctique.

Une poursuite technopolitique en manque de spécialistes

A cela s’ajoute le fait que la Russie souffre encore d’un manque de spécialistes. Pendant la pérestroïka, beaucoup de techniciens ont perdu leur travail et l’éducation d’une nouvelle génération de scientifiques n’a pas pu être garantie. Une militarisation de l’Arctique russe demanderait donc beaucoup de temps et elle aura seulement lieu dans le cas où la situation tendue perdure.

La construction de nouveaux sous-marins et de brise-glaces ne doit pas seulement être compris d’un point de vue militaire, mais aussi d’un point de vue technopolitique. Selon Gabriele Hecht, le concept de technopolitique se définit de la manière suivante :

The notion of technopolitics [is] a concept that captures the hybrid forms of power embedded in technological artifacts, systems, and practices. […] I use[] the term to describe the strategic practice of designing or using technology to enact political goals. Such practices, I argue[], were not simply politics by another name; they produced systems whose design features mattered fundamentally to their success and shaped the ways in which those systems acted upon the world.26 

L’image d’une Russie moderne à travers son infrastructure militaire

Arkticheskij trilistnik, la nouvelle station militaire russe dans l’Arctique

Le choix de nouvelles technologies par un Etat n’a souvent pas comme but principal de servir aux besoins militaires ou sociaux, mais il reflète tout d’abord un choix politique. La construction de sous-marins atomiques – dont la Russie est la seule à posséder parmi les Etats arctiques – entre parfaitement dans cette catégorie de technopolitique. Ce n’est pas seulement le besoin de cette infrastructure militaire, mais surtout le message politique qui l’accompagne, qui est intéressant pour la Russie. Ainsi, la nouvelle infrastructure militaire diffuse l’image d’une Russie moderne qui dépasse les autres états arctiques par rapport à son niveau technologique et à sa capacité de gérer la nature brute et imprévisible du Grand Nord.27 Il en va de même en ce qui concerne la nouvelle station polaire Arkticheskij trilistnik (« Le trèfle à trois feuillies arctique ») construite récemment en 2007. Cette station militaire en Arctique n’est pas seulement importante pour la Russie d’un point de vue militaro-stratégique, mais aussi d’un point de vue technopolitique. Le design futuriste de la base militaire aux couleurs nationales met de nouveau en scène une Russie moderne qui s’identifie à l’Arctique et qui est prête à la défendre.

L’instrumentalisation de l’Arctique russe comme symbole de modernisation et de développement technologique est un ancien motif récurent qu’on peut trouver depuis les premières tentatives d’industrialisation dans le Grand Nord. Par exemple, au début du XXème siècle, Serge Witte, un des maîtres d’œuvres de l’industrialisation de la Russie, procède à la construction d’un chemin de fer entre le centre et Mourmansk. Cette construction n’avait pas seulement pour but de peupler cette région quasiment inhabitée, mais aussi de moderniser le Grand Nord et avec celui-ci la Russie en général. Quand Witte présente pour la première fois ses plans de construction, il constate que le nouveau chemin de fer pourrait contribuer au dépassement de l’« arriération » culturelle et économique de la Russie par rapport à l’Occident.28 A cause de sa nature imprévisible et de son climat rude, toute activité humaine en Arctique demande un grand effort. C’est à cause de ces conditions exceptionnelles que le Grand Nord est un bon vecteur pour dispanser l’image d’une avancée technologique et d’un succès scientifique – mais aussi celui de pouvoir et de puissance. Comme le souligne Marlène Laruelle, l’Arctique joue aujourd’hui souvent le rôle d’un « flagship for Putin-style statehood » qui doit rappeler le temps glorieux de l’URSS comme grande puissance.29 De cette manière, l’Arctique permet également à la Russie de dépasser le complexe d’infériorité qui existe depuis la chute de l’Union soviétique.30

Notes :

1 Schümer, Dirk, „Great Game“ – Krieg ums Kalte Eis, 16.08.2015, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : https://www.welt.de/debatte/kommentare/article145264399/Great-Game-Kalter-Krieg-ums-schmelzende-Eis.html Kopp, Jason, A New Cold War in the Arctic? Russia unveils Virtual Tour of New Military Base, 20.04.2017, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : http://www.foxnews.com/world/2017/04/20/new-cold-war-in-arctic-russia-unveils-virtual-tour-new-military-base.html Watson, Paul, A melting Arctic could Spark a New Cold War, 12.05.017, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : http://time.com/4773238/russia-cold-war-united-states-artic-donald-trump-barack-obama-vladimir-putin/ The Guardian, The New Cold War, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : https://www.theguardian.com/environment/ng-interactive/2015/jun/16/drilling-oil-gas-arctic-alaska.

2Une guerre froide pour la glaçe fondante

3 Grynszpan, Emmanuel, La Russie se déploie dans l’Arctique, 31.03.2017, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : https://www.letemps.ch/monde/2017/03/31/russie-se-deploie-larctique

4 Kopp, Jason, A New Cold War in the Arctic? Russia unveils Virtual Tour of New Military Base, 20.04.2017, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : http://www.foxnews.com/world/2017/04/20/new-cold-war-in-arctic-russia-unveils-virtual-tour-new-military-base.html

5 Voir par exemple : Zysk, Katarzyna, « Military Aspects of Russia’s Arctic Policy : Hard Power and Natural Resources », Arctic Security in an Age of Climate Change, 2011, p. 85-106.

6 RIA Novosti, Le nouveau projet sous-marin « Borey » : Le « prince » est devenu est « généralissime », 26.12.2014, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : https://ria.ru/defense_safety/20141226/1040271779.html

7 McCannon, op. cit., p. 283.

8 McCannon, op. cit., p. 289. Yamal est de cette façon le 12ème brise-glace à atteindre le pôle nord.

9 En 2002, l’UNCLOS a répondu à cette demande. Sans la refuser, elle demandait à la Russie de développer encore sa recherche scientifique dans ce domaine avant que sa demande pût être acceptée ou refusée.

10 Blank, Stephen J. (ed.), « Russia in the Arctic, Russia in the Arctic », op. cit., p. 21.

11 Josephson, op. cit., p. 10.

12 Laruelle, op. cit., p. 128.

13 Entre 2000 et 2008, le budget militaire russe a augmenté de 500%. Voir : Laruelle, op. cit., p. 118)

14 Laruelle, op. cit., p. 128.

15 Heininen, Lassi; Sergunin, Alexander [et al.], « Russian Strategies in the Arctic. Avoiding a New Cold War », Grantees Report, 2014, p. 80.

16 Laruelle, op. cit., p. 120.

17 Ibid., p. 118.

18 Voir: Morskaja doktrijna Rossiiskoi Federazii na period do 2020 goda. Disponible sous l’adresse suivante: http://www.css.ethz.ch/content/dam/ethz/special-interest/gess/cis/center-for-securities-studies/resources/docs/NDC-Towards%20a%20Dual%20Fleet.pdf. Article 52 précise : « Определяющим фактором в отношениях с НАТО остаются неприемлемость для Российской Федерации планов продвижения военной инфраструктуры альянса к ее границам и попытки придания ему глобальных функций.»

19Konyshev, Valery, Sergunin, Alexander [et al.], “Russia’s Arctic strategies in the Context of the Ukrainian Crisis”, The Polar Journal, May 2017, p. 3.

20 Voir : Morskaja doktrijna Rossiiskoi Federazii na period do 2020 goda.

21 L’île Hans est par exemple objet d’une dispute entre le Canada et le Danemark.

22 Laruelle, op. cit., p. xviii .

23 Sergunin, Alexander ; Konyshev, Valery, Russia in the Arctic. Hard or Soft Power? Stuttgart, 2009, p. 32.

24 Idem., p. 32.

25 Voir: Willisher, Kim, France looking for warship buyers after cancelling Mistral deal with Russia, 06.08.2015, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse :

https://www.theguardian.com/world/2015/aug/06/france-russia-mistral-warships-deal-cancelled

26 Hecht, Gabrielle (ed.), Entangled Geographies. Empire and technopolitics in the Global Cold War, Cambridge, MIT Press, 2011, p. 3.

27 RIA, Poutine a appelé l’armée russe la plus forte, mais il a noté qu’il ne fallait pas se détendre, 22.12.20016, [Consulté le 11 septembre 2017] Disponible à l’adresse : https://ria.ru/defense_safety/20161222/1484346528.html

28 Bruno, Andy, The Nature of Soviet Power. An Arctic Environmental History. Cambridge: University Press 2016, p. 38.

29 Laruelle, op. cit., p. 9.

30 Voir en ce qui concerne le complexe d’infériorité : Maness, Rian [et al.], Russia’s Coercive Diplomacy : Energy, Cyber, and Maritime Policy as New Source of Power, Palgrave, 2015.

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