ONG occidentales et russes en Ukraine depuis l’indépendance

By Carole Grimaud Potter

Depuis 1991 et la désintégration de l’Union Soviétique, les fondations et organisations non gouvernementales (ONG) américaines et européennes ont été nombreuses à contribuer au financement de programmes divers dans les anciennes républiques soviétiques, conformément à la politique étrangère d’aide de leurs gouvernements.[1] L’objectif principal étant la démocratisation et le développement des sociétés civiles, leur action et le rôle des organisations telles que l’Open Society Foundation de Georges Soros ou la fondation allemande Heinrich Böll Stiftung ont été déterminants dans l’émergence de la société civile au sortir du communisme[2] grâce à leur soutien financier, aux transferts de compétences et à leurs actions menées pour l’indépendance des médias. Si les ONG occidentales furent peu nombreuses ou agissant peu ouvertement[3] en Ukraine jusque dans les années 2000, à partir de la Révolution Orange, les « poids lourds » américains et allemands s’établirent dans le pays. Les événements du Maïdan de 2013-2014 permirent aux acteurs locaux de poursuivre leur action en influençant ou du moins en apportant leur expertise et d’importants moyens financiers à la formation du nouveau gouvernement, vers une nouvelle politique d’ouverture économique ukrainienne.

Mais force est de constater que la croissance rapide des ONG dans le pays, ne s’est pas faite proportionnellement au niveau de confiance de la population, resté bas, ni à celui des réalités sociales et économiques dans une Ukraine amputée d’une partie de son territoire avec l’annexion de la Crimée en 2014 et de la région du Donbass, échappant totalement au contrôle de Kiev.

Les ONG occidentales oeuvrant en Ukraine, souffrent encore d’une mauvaise image, entretenue par des accusations portées par les agents d’influence russes, d’être financées et pilotées par les gouvernements et les multinationales dans le but de servir leurs propres intérêts politiques et économiques, voire de déstabiliser les pouvoirs en place (révolutions de couleur).

Les valeurs occidentales portées par les ONG occidentales s’opposent à la pensée russe d’un héritage culturel partagé russo – ukrainien, légitimant un destin commun et s’appuyqnt sur une élite politico-économique favorable à la Russie

La corruption politico-économique de la société ukrainienne continue à faire les unes de presse et le pouvoir en place semble renouer avec les vieilles méthodes de l’époque soviétique pour maintenir les élites au pouvoir. Le problème du financement des partis reste ouvert et l’on commence à parler d’une « Ukraine fatigue » dans la presse occidentale. Aux valeurs occidentales portées par les ONG en Ukraine, fondées sur une idée commune de la démocratie, de l’intégration du marché ukrainien à la globalisation et d’un savoir-faire politique de gouvernance globale, s’oppose une pensée russe ou mythe, selon laquelle l’héritage culturel partagé de la Russie et de l’Ukraine légitimerait un destin commun. Le soft power traditionnel russe repose également sur une élite politico-économique favorable à la Russie. Déjà à l’époque soviétique, l’élite ukrainienne était placée à des postes clés au pouvoir.

Le discours « traditionnel » du soft power russe sur l’héritage commun ne suffit plus aujourd’hui en Ukraine

Le pouvoir russe s’est donc employé à « moderniser » son influence en Ukraine, au moyen d’un important réseau d’organisations, think tanks, médias, selon le modèle occidental, dispensant la ligne politique étrangère du Kremlin. Le changement dans la stratégie d’influence russe en Ukraine permet de parler de passage d’un « soft power » traditionnel à un « hard power », les deux niveaux restant dans tous les cas pilotés par Moscou.

Pourrait-on ainsi voir dans l’issue du référendum en Crimée, favorable à la Russie, l’un des premiers résultats de cette nouvelle politique ?

 « L’âge d’or » des ONG démocratiques occidentales en Ukraine de la fin des années 90 au Maïdan, avec le combat démocratique. 

L’aide apportée pour le développement de la démocratie dans les pays ex-soviétiques (représentant la part la plus importante du budget américain pour l’aide à la démocratie et l’économie de marché) explosa au début des années 1990. Près des trois quarts de ce budget allèrent directement à la Russie et à l’Ukraine, dans le cadre du « Freedom Support Act ».[4] La chute du Mur de Berlin puis celle de l’Union Soviétique ainsi que la fin de la guerre froide provoquèrent une vague d’enthousiasme pour « les révolutions démocratiques dans le monde ».[5] L’aide gouvernementale et non gouvernementale américaine augmenta considérablement dans le cadre d’une politique étrangère reconnue.[6] En effet, la ligne séparant les deux systèmes d’organisation est ténue : une ONG opère indépendamment des gouvernements (organisation, élaborations des programmes, établissements des budgets) mais peut toutefois recevoir des fonds gouvernementaux.[7] Ainsi, les fonds d’aide gouvernementale américains et allemands (européens) sont à considérer lorsque l’on étudie les Organisations Non Gouvernementales en Ukraine.

Les conséquences politiques des actions des ONG sur le terrain reproduisent les politiques étrangères des gouvernements[8] et il serait utopique de supposer que ces organisations civiles soient totalement indépendantes.

L’assistance apportée se déroule telle une chaîne, dans un cadre contextuel d’idées, dont les initiateurs sont les politiques étrangères occidentales et le dernier receveur, les ONG ukrainiennes locales. [9] (Contrairement aux autres pays européens et est-européens, l’Ukraine ne permet pas la création d’ONG sur son sol par des étrangers, seuls des citoyens ukrainiens peuvent le faire.)[10] Si l’on convient que les organisations non gouvernementales opèrent un transfert (démocratique, politique, éducationnel, civique) d’un groupe de pays ou d’un pays vers un autre, une complémentarité peut ainsi s’établir entre le « soft transfer » opéré par les ONG au niveau local et un « hard transfer » des moyens politiques, des lois et des pratiques suivies par les organisations gouvernementales et les organisations internationales.[11] L’effort des ONG, qu’elles soient financées par la philanthropie internationale, USAID, les Nations Unies, les gouvernements étrangers ou la Croix Rouge Internationale, National Endowment for Democracy, ou la Banque Mondiale est indispensable pour la construction des infrastructures, la formation en informatique ou l’accès à Internet. Néanmoins, le questionnement de la société civile sur l’efficacité d’un tel déploiement ne manque pas d’apparaître à un certain point. Il est en effet très difficile d’évaluer les résultats de l’assistance technique et de la formation.[12]

Les racines d’une société civile ukrainienne selon les régions

La présence des ONG occidentales en Ukraine depuis l’indépendance en 1991 jusqu’au Maïdan ne peut s’expliquer sans évoquer les racines d’une société civile ukrainienne, façonnée au cours de l’histoire mouvementée du pays. Selon Subtelny[13], la formation d’une société civile propice à la création d’organisations se serait plus facilement répandue à l’est du pays, en raison de l’influence cosaque, mais aurait été réprimée plus tard par la présence russe. L’ouest de l’Ukraine, et principalement la Galicie, berceau de la conscience nationale, aurait vu le développement de la société civile ralentie par l’influence gréco-romaine. Durant la période soviétique, la différence entre les deux parties se serait atténuée produisant une certaine uniformisation.

Néanmoins, à la sortie du communisme, les relations entre l’État et la société et la formation d’une société civile ne semblent pas se développer de la même façon selon les régions, d’après les témoignages des activistes des ONG occidentales présentes en Ukraine.[14] 

Ainsi ces derniers, interrogés, s’accordent à dire qu’une base pour l’organisation d’une société civile est plus forte à l’ouest du pays ainsi qu’un plus haut niveau d’expertise des activistes, due en partie aux relations entretenues avec d’autres organisations des pays voisins, tel que la Pologne.[15] Quant à l’est et le sud du pays, en raison du peu d’expérience, les activistes y seraient plus investis et plus favorables à des solutions alternatives. Ainsi, il ne serait pas trop imprudent d’établir un lien entre l’histoire des régions d’Ukraine et une carte du développement de la société civile et de l’action, plus ou moins importante, des ONG occidentales sur le terrain, tout du moins jusqu’au début de la guerre dans le Donbass, qui fait apparaître une présence plus importante d’ONG à vocation humanitaire à l’est.

Aujourd’hui, d’après la carte établie par l’Ukraine NGO Forum[16], créée par l’ambassade britannique à Kiev et USAID, il y aurait 310 ONG actives à l’est du pays, 38 à Kiev et quelques unes dispersées à l’ouest.

Le point de départ de toutes les révolutions eurent lieu à l’ouest du pays[17], principalement à Kiev et Lviv. La première « révolution » dite de « granite » en 1990, se déroula essentiellement à Kiev. Elle fut peu médiatisée, mais représente pour de nombreux chercheurs, l’événement précurseur des révolutions suivantes.[18] Une organisation indépendante d’étudiants « Jeunesse Radicale »  entamèrent une grève de la faim, peu à peu suivie par d’autres étudiants de diverses universités . Les jeunes, dans leur action activiste extrême, se démarquèrent pour la première fois de la génération précédente des dissidents soviétiques.[19] Après la Révolution Orange de 2004-2005, l’intérêt pour le développement de la société civile ukrainienne et son incapacité à opérer un véritable changement après la Révolution Orange, se démontra dans la publication de nombreux rapports analysant l’état et les fonctions des organisations civiles, stimulant ainsi la recherche dans ce domaine.[20] Ces analyses et ses rapports sont très utiles aux gouvernements et organisations internationales dans le processus décisionnel concernant l’aide apportée à l’Ukraine et l’orientation des axes politiques.

 

La présence des ONG occidentales dans les années 1990

Au début des années 1990, les lois soviétiques interdisant les réunions de plus de trois personnes dans un but non personnel furent abolies. Deux lois importantes furent passées en 1992 (autorisant les associations de citoyens) et 1997 (autorisant les fondations caritatives) et permirent l’émergence d’organisations civiles officiellement enregistrées. Auparavant, les activités de l’association « Ukrainian Helsinki Group », fondé en 1976, tournées vers la protection et la défense des droits de l’Homme et des libertés civiles, avaient permis de « construire une certaine distance entre l’Ukraine et le Kremlin et de soutenir le processus du retour de l’Ukraine dans le monde occidental ».[21] En 1991, l’on pouvait compter 319 ONG en Ukraine. L’année suivante, après la loi citée précédemment, leur présence se chiffrait à 1.356 .[22] De la même façon, leur croissance augmenta après la loi de 1997, passant de 8.352 en 1995 à 17.781 trois ans plus tard. Mais ces chiffres sont toutefois à considérer avec précaution. En effet, de nombreuses ONG officiellement enregistrées n’existent que sur le papier.[23] Parmi les ONG présentes en Ukraine dans les années 1990, celles dont les activités s’orientaient vers la libéralisation des médias et la liberté d’expression bénéficièrent de généreux supports de donateurs occidentaux.[24] (Internews Ukraine).[25] Depuis 1992, le programme USAID a collaboré avec de nombreuses organisations locales et sociétés civiles ainsi que les gouvernements pour l’indépendance des médias, le développement du processus démocratique, la croissance économique et les réformes du secteur social.[26] L’un des plus influents « think tank » américains, The Heritage Foundation, participa dès 1991, à la création de l’US-Ukraine Foundation, conjointement avec la fondation Open Society de Georges Soros, dont les activités recouvraient l’aide aux familles et aux orphelins d’Ukraine. Aujourd’hui, l’influence de l’Heritage Foundation sur la politique américaine et le public américain, grâce aux apparitions régulières de ses experts sur les chaînes télévisées, est significative. 

La position politique de Heritage Fondation par rapport à l’Ukraine et particulièrement depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, tient plus du lobbying politique que du « think tank ».[28]

 

De la Révolution Orange au Maïdan : l’arrivée des « poids lourds » américains et allemands

Les années 2000 et les débuts de la globalisation[29] ont vu l’arrivée et l’essor des plus importantes ONG internationales (et ceci de façon conjointe avec les multinationales telles que Microsoft[30]) en créant des « espaces de politique transnationale ».[31]

Leurs financements, partenariats, donations privées restent toutefois des données très difficiles à obtenir, contribuant à développer les suspicions du public et la controverse dans les médias russes et de façon générale dans la presse des pays d’Europe de l’Est.[32] 

Dans le cadre de cette recherche, et après la consultation de très nombreux sites en ligne des ONG, nous pouvons établir un organigramme financier aux multiples ramifications : les plus petites organisations ukrainiennes au niveau local sont aidées par leurs sœurs ONG ou organisations caritatives plus importantes, dont les bureaux principaux sont dans les grandes villes d’Ukraine. Ces dernières sont financées ou collaborent avec des ONG européennes reconnues, elles-mêmes soutenues par les divers programmes d’aide de l’Union Européenne ou l’USAID américain. Le caractère « non gouvernemental » reste ainsi difficile à établir, tant les interactions entre organisations internationales, gouvernementales, institutionnelles et les ONG présentes en Ukraine sont nombreuses. L’ensemble reste très opaque et peu d’ONG sont transparentes à ce sujet, en rendant public leur rapport annuel ou budgétaire par exemple. Parmi quelques exceptions, Renaissance Foundation (Open Society Fondation) publie ses revenus provenant des contributions extérieures. Ainsi, la célèbre fondation de G.Soros a vu ses revenus pour l’Ukraine augmenter significativement après le Maïdan, passant de 960.807 dollars à plus de 2 millions en 2015.[33] Ses partenariats avec l’Union Européenne et le programme USAID sont également rendus publics, sans toutefois évoquer le terme de « financement »[34].

La présence officielle de l’Open Society Fondation en Ukraine date de 2004. Dirigée par George Soros, elle est dénommée International Renaissance Foundation et « a financé de nombreuses activités d’ONG au niveau régional » avant les élections de 2004.[35] Ainsi, « G. Soros a plus contribué à l’aide à la démocratie que le gouvernement américain ou tout autre gouvernement ».[36] Les activités de la branche ukrainienne de l’Open Society Fondation sont très variées : des nombreux fonds d’aide aux organisations civiles locales au « support technique et au développement »[37] pour le Maïdan Monitoring Information Center en 2014, au financement de nombreuses études et recherches telles que le rapport annuel des droits de l’homme à Kharkiv en 2005 (co-financé par le National Endowment Democracy). Bien que légalement indépendantes, de nombreuses branches de la Fondation du philanthrope G. Soros développent des partenariats avec le programme de développement des Nations Unies, la Banque Mondiale ou la Commission Européenne [38] et ont également sponsorisé, en partenariat avec l’OTAN, une équipe d’experts dans le Donbass, en 2015, au début du conflit armé.[39]

La Fondation Rockefeller, la doyenne des ONG occidentales[40] (1913) agit comme un fond finançant divers projets, pour « promouvoir les effet positifs de la globalisation »,[41] incluant l’accès aux soins pour tous, l’énergie renouvelable. Mais la fondation ne communique pas ses activités en Ukraine de façon précise.

Dans une Ukraine dont les partis de gauche ont quasiment disparu du paysage politique aujourd’hui, les syndicats américains et la fondation allemande Rosa Luxemburg restent actifs pour défendre les droits syndicaux dans le pays, les mineurs du Donbass et le maintien des syndicats ukrainiens. Dans les années 1990, certaines organisations américaines (AFL-CIO)[42] organisèrent des séminaires de formation dans l’élaboration des campagnes, pour les nouveaux syndicats ukrainiens, qui s’étaient constitués après les lois de 1992.[43] La fondation Rosa Luxemburg, fondé à Berlin en 1990, est lié au parti de gauche allemand. L’organisation à vocation politique a participé à l’élaboration d’un mouvement de gauche lors des événements du Maïdan en 2014, en organisant une conférence « The left and Maïdan » en avril 2014.[44] Parmi ses partenaires, l’on peut trouver l’ « Union of Krivoy Rog miners » une cellule de l’ «Independent Trade Union of Miners of Ukraine ».

La foundation Rosa Luxembourg semble active dans le Donbass, en participant à des études sur la vie des femmes en temps de guerre, mais aussi des conférences « Pour un avenir sans capitalisme », le tout tendant à promouvoir une « sovieto-nostalgie ».[45]

Heinrich Böl Stiftung (the green political foundation) a démarré ses activités à Kiev en 2008. Comme de nombreuses ONG en Ukraine, celle-ci présente ses activités autour de son soutien de la démocratie et des projets régionaux pour la protection de l’environnement et l’éducation politique de la société, l’égalité des genres et la protection des droits de l’homme. Mais l’une de ses études sur le prix du charbon en temps de guerre dans le Donbass, en partenariat avec une autre ONG allemande présente en Ukraine, Heinrich Boell Foundation, peut laisser supposer des préoccupations plus « économiques » que l’on pourrait imaginer.

La fondation Konrad Adenauer Stiftung, à vocation politique également, aurait participé au financement de la Révolution Orange et du mouvement Pora (Wikipédia). 

Les apories de l’action des ONG occidentales

Malgré le travail considérable des ONG en Ukraine effectué depuis l’indépendance jusqu’à ces dernières années, les résultats obtenus ne semblent guère être à la hauteur de l’entreprise ni de l’aide financière investie. La corruption des politiciens dépendant financièrement du monde des affaires et le sponsor des partis politiques par l’oligarchie perdurent et l’on ne peut objectivement parler de baisse de la corruption à moyenne et grande échelle depuis la chute du régime de Ianoukovitch.[46] Près de 28 % des Ukrainiens vivent encore sous le seuil de pauvreté[47] et leur méfiance envers les ONG occidentales est toujours présente, alimentée par le discours russe. Seulement 17 % des Ukrainiens participent à des associations et à peine 2 % sont réellement actifs[48]. La taille et la puissance financière des ONG les plus importantes font que celles-ci sont souvent perçues par le pays d’accueil comme des organisations gouvernementales et leur crédibilité en est affectée[49]. Le manque de coopération entre les diverses organisations peut également présenter un obstacle dans la mise en œuvre des programmes.

 « La démocratie ukrainienne en danger »[50]

L’arrestation récente d’influents politiciens et membres du gouvernement accusés de corruption démontre que malgré les mesures prises par le gouvernement et la création du Bureau National Anti-Corruption, la fraude persiste, au plus haut niveau de l’État. Le parti de Petro Porochenko a rapidement lancé une campagne de dénonciation du Bureau National Anti-Corruption lorsque celui-ci a lancé des investigations sur des alliés clés du Président et des lois limitant l’action contre la corruption sont régulièrement votées.

Faut-il voir le retrait du passeport ukrainien de Michaïl Saakashvili, l’ancien leader géorgien, après avoir récemment fait entendre ses critiques acerbes sur la politique menée par Petro Porochenko, comme la volonté d’un président ukrainien affaibli, de faire taire ses opposants, en violant les lois internationales ?[51]

Aucun sondage pour le moment ne prévoit sa victoire aux élections de 2019. Le parti au pouvoir s’est également employé à restreindre les pouvoirs des activistes anti-corruption en votant des lois limitant la publication de certaines informations. La presse indépendante et les journalistes sont régulièrement mis en difficulté par les autorités. Le climat politique général et les efforts démocratiques obtenus après Maïdan, se trouvant limités ou empêchés contribuent au découragement des activistes des ONG sur le terrain. (Des études et des conférences ont été dernièrement réalisées par NGO Forum Ukraine pour la prévention du « burnout » parmi les employés des ONG en Ukraine, et particulièrement dans le Donbass).[52]    

La collusion des ONG avec les clans oligarchiques

Le système oligarchique ukrainien s’est formé après la chute de l’URSS et la vague de privatisations qui a entraîné des relations conflictuelles entre la nouvelle élite et les « directeurs rouges » à la tête de l’appareil industriel soviétique ukrainien. L’État ne jouant qu’un rôle d’arbitre, dictant les règles convenant à leurs « favoris ». En s’emparant du contrôle de l’économie ukrainienne, les clans oligarchiques formés dans les années 1990 et leurs successeurs, exercent toujours une influence sur l’appareil étatique, en achetant les partis politiques et leurs leaders dans le but de servir leurs intérêts économiques.[53] Ainsi, la coexistence entre les clans a pu perdurer jusqu’à aujourd’hui. Avant 2004, les clans de Dniepropitovsk (Leonid Koutchma), de Donetsk (Ianoukovitch) et celui de Kiev (Viktor Medvetchouk) se trouvaient au pouvoir et se partageaient les richesses du pays. La Révolution Orange et le Maïdan ont été provoqués par la colère de la population et le refus d’un système clanique corrompu.

Les actions des ONG depuis 2004 sont entravées par la main-mise d’une poignée d’oligarques sur le système politique, économique et même judiciaire du pays.[54]

Les compagnies d’État, dont les parts majoritaires sont détenues par les oligarques, siphonnent les fonds gouvernementaux pour le bénéfice de quelques uns. En janvier 2014, les activités du Kharkiv EuroMaïdan (pour la promotion des idées européennes ukrainiennes dans la ville de l’est) coordonnées par une quarantaine de représentants des ONG et organisées dans le cadre d’un conseil public ont été sérieusement entravées sinon réprimées par des attaques physiques sur les membres et activistes[55]. Selon l’European Council on Foreign Relations, les liens entre les ONG locales et l’Union Européenne devraient se renforcer afin de définir une ligne dure envers le leadership ukrainien et pousser plus avant sur les réformes du système judiciaire et du financement des partis.[56]

 Inégalités sociales et méfiance de la population envers les ONG

Les inégalités sociales perdurent en Ukraine, en dépit de l’action des organisations, des aides financières et des programmes déployés dans le pays. Dès les années 1990, les ONG ont aidé les plus démunis et souvent supplanté les services de l’État (les personnes âgées et les sans-emplois étant la population la plus touchée par le passage à l’économie de transition).[57] Aujourd’hui les inégalités persistent également dans le système éducatif ukrainien : passe-droit et pots de vin pour l’accès aux meilleurs établissements scolaires, fraudes aux examens et à l’accès aux études supérieures.[58]

L’un des facteurs de la méfiance des Ukrainiens envers les ONG occidentales et de leur faible participation peut être expliqué par le fait que certaines organisations « sont si grandes qu’elles sont complètement déconnectées du public et même méconnues, provoquant des méfiances quant à leurs motivations en particulier celles des financiers privés comme Mr Soros ».[59]

 

Du « soft power » russe traditionnel à une nouvelle politique d’influence

Un changement significatif de la politique étrangère de la Russie s’est opéré après 2003 et les succès des révolutions de couleur, sans que la presse occidentale ne s’en soit trop préoccupé. Qualifiées de « nouvelles formes de guerre » impactant négativement la stabilité internationale par le ministre russe de la défense lors de la conférence sur la Sécurité de Moscou (mai 2014), la stratégie du pouvoir russe pour contrer les actions des ONG occidentales dans les mouvements populaires des pays ex-soviétiques s’était déjà renforcée quelques années auparavant. Le Kremlin comprit alors les bénéfices de l’utilisation des ONG comme instrument de la politique étrangère.[60] Couplées avec le soft power russe ‘traditionnel » qui avait dominé jusque là la politique étrangère d’influence, telle que la culture, la langue, la « slavité »  des peuples frères, ou l’orthodoxie, la part significative des ONG russes, think-tanks et médias dans le paysage social, politique et économique ukrainien a probablement contribué à augmenter le sentiment de russité , notamment en Crimée, bien avant l’annexion-réunification de 2014 et le référendum qui suivit.

 Le soft power « traditionnel » russe

La culture et les médias

En plaçant l’appartenance des ex-pays soviétiques au « monde russe », en raison d’un passé commun, au dessus de leur identité civique, la Russie peut asseoir son influence en Ukraine en privilégiant l’héritage culturel et linguistique russe, impliquant le partage d’un « avenir commun » entre les deux pays.[61]

Il est important d’ajouter que le concept « messianique » russe envers les autres nations slaves ou de son « proche étranger » est une « tradition profonde dans l’histoire intellectuelle de la Russie  et le rejet d’une telle mission est généralement perçue comme une insulte.[62] La culture russe a de tout temps été utilisée comme un instrument du soft power russe en Ukraine, mais plus significativement depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir. L’État, le milieu des affaires encouragé par l’État et quelques indépendants ont concentré leurs efforts en synergie pour promouvoir la culture russe traditionnelle, en sponsorisant des sociétés de télévision et des réalisateurs de films[63], pour des séries ou des films cultes soviétiques ou en créant des fondations semi-officielles telles que « Russian World – Русский Мир» (2007), « Foundation for Compatriots » (2009) et « Gorchakov Foundation » (2011). Ces fondations sont financées par l’État et le secteur privé. Elles défendent les droits des Russes à l’étranger (Foundation for Compatriots), dispensent la pensée et les valeurs russes conservatrices , la préservation de la langue (Русский Мир) ou participe à la diffusion de la politique russe à l’étranger (Gorchakov Foundation). L’un des objectifs de ces organisations est de solidifier le sentiment d’appartenance des russophones au monde russe. Un autre objectif est de renforcer le discours selon lequel la culture russe est indispensable à la civilisation occidentale et que faire une distinction entre la Russie et l’Ouest ne pourrait être que néfaste pour l’Ouest.[64]

 Les groupes orthodoxes

La religion orthodoxe, vecteur rassemblant pour les slaves est utilisé par le soft power russe. La chaîne de télévision, Russian Orthodox Church est diffusée en Ukraine. L’Église orthodoxe russe, dont le patriarche est proche du pouvoir à Moscou, agit en Ukraine, suivant la ligne politique du Kremlin et aurait ainsi réussi à influencer les campagnes électorales de 2004, 2006 et 2007.[65] Les difficultés économiques et la perte de confiance des populations dans un système politique où la corruption perdure, pousse les Ukrainiens vers la religion et ses traditions.

L’élite du monde des affaires

Une partie importante des élites du monde des affaires en Ukraine reste composée de personnes mentalement proche de la Russie et de ses pratiques commerciales. Moscou est le lieu de destination préférée pour les affaires, une source d’inspiration pour les nouvelles idées et parfois même un refuge politique.[66] Ainsi « la crainte d’être culturellement et économiquement diminué par les compétiteurs occidentaux, idée répandue parmi les élites économiques ukrainiennes»[67] représente un intérêt pour la Russie : conserver ces élites parmi les membres du gouvernement permet de promouvoir une politique favorable aux relations économiques russo-ukrainiennes, notamment dans les secteurs du gaz et du pétrole. L’influence des réseaux de l’élite des affaires ukrainiennes couvre également les secteurs de la finance, des télécommunications, des ports, des médias, de la publicité et des relations publiques, formant ainsi une « diplomatie de réseaux »[68] permettant à la Russie de promouvoir un important soft power en Ukraine.

L’influence russe en Crimée

Organisations et think-tanks

Si les ONG, agissant selon la politique du Kremlin, opèrent en Ukraine, très peu de régions en ont accueilli autant qu’en Crimée : groupes et partis politiques activistes, groupes de paroissiens de l’Église orthodoxe russe, néo-cosaques, clubs culturels russes, associations militaires et navales, et think tanks.[69]

Ces nombreux groupes ont suivi la politique de Moscou à l’égard de l’Ukraine. Durant la présidence de Iouschenko, certains se mobilisèrent contre l’accession de l’Ukraine à l’OTAN ou contre des exercices militaires conjoints ou contre la reconnaissance de la famine ukrainienne de 1932-33 comme génocide. Le support financier et politique fut aussi attribué aux communautés russes de Crimée, ainsi que pour la candidature de groupes aux élections locales et nationales de 2006 et 2007 (Parti Socialiste Progressiste  ou la formation de blocs politiques du Parti des Régions, tel que la Communauté Russe de Crimée qui rallia le groupe « Pour Ianoukovitch » au parlement régional de Crimée).[70]

Les médias

La presse et agences de presse favorables à la Russie sont largement présentes en Crimée. Il existe également de nombreuses chaînes de télévision locale et sites internet d’information dont la mission s’adresse, tout comme celle du quotidien Krymskaya Pravda : « non seulement aux Russes, mais à ceux qui se sentent faire partie du monde russe, de son histoire et de sa culture, qui parle et pense russe ».[71] 

Conclusion

Le développement des ONG occidentales en Ukraine s’est fait rapidement depuis le début des années 2000. Certaines organisations, dont les activités se concentrent sur le business et le développement économique, bénéficient d’un fort soutien gouvernemental. Les autres, tournées vers les droits de l’homme, la liberté de la presse, la transparence soulèvent les suspicions.

Moins d’une génération s’est écoulée depuis l’indépendance de l’Ukraine ce qui peut expliquer les difficultés rencontrées par les ONG dans le pays : méfiance de la population, corruption à grande et moyenne échelle due en partie aux liens étroits entre le milieu des affaires et la politique, persistance des inégalités sociales.[72]

Comme le soulignent A. Pastkukova et Mykhailiuk (2012) , « il est beaucoup plus difficile en Ukraine de créer une ONG que de démarrer une entreprise ».[73] Les ONG, par le transfert des idées démocratiques et économiques, transmettent les valeurs occidentales dans une Ukraine aux bases politiques, économiques et sociales peu consolidées et confrontée à une situation tragique dans sa région de l’est. Cette vision « exportable » de la démocratie se heurte à un autre ensemble de valeurs, renforcé par la « révolution conservatrice » [74] du pouvoir russe et qui trouve écho parmi les ukrainiens russophones ou non, par le biais d’organisations, think tank, religion ou élite économique. Dans la confrontation des deux modèles de soft power que sont les ONG occidentales et les organisations pro-Kremlin, l’on peut voir la collusion  de deux systèmes de valeurs, dont les forces et les faiblesses reposent sur leurs systèmes politiques. L’Ukraine, comme tout au long de son histoire, se trouve de nouveau au centre d’enjeux internationaux, dont les ONG comme d’autres structures, peuvent être perçues comme des vecteurs d’influence. Elles n’en restent pas moins nécessaires pour l’aide apportée aux populations et à la connaissance des modes de fonctionnement de la société ukrainienne.  

 

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Articles de presse

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Rick Liman, “After Trump Win, Anti-Soros Forces Are Emboldened in Eastern Europe”, Rick Liman, March 1, 2017

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« Judicial Watch Sues State Department and USAID for Records about Funding and Political Activities of Georges Soros’ Open Society Foundation – Macedonia, April 4, 2017

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« Hungary lashes out at Soros with poster campaign » Connor Murphy, 10 juillet 2017

The Barents Observer

« Arkhangelsk libraries removed books purchased Soros Foundation » Ekaterina Bogdanova, 11 juillet 2017

Le Monde

« La société civile russe n’est pas anéantie » Le Monde | 01.08.2017 Par Lev Dmitrievitch Goudkov (Directeur du Centre analytique Levada)

Huffington Post

“Livrées à elles-mêmes, les ONG ukrainiennes tentent de manoeuvrer » 29/07/2015, Andrei Sorescu

http://www.huffingtonpost.fr/andrei-sorescu/la-situation-des-ong-ukrainiennes_b_7893568.htm

Sites web consultés

www.irf.ua

(International Renaissance Foundation)

Open Society Partnership and Funding

www.opensocietyfoundations.org/sites/default/files/partners_20090720_0.pdf

 

[1]    Le fond gouvernemental américain d’aide à la démocratie, USAID a versé 22 millions de dollars en 1991 aux pays d’Europe de l’Est et d’ex-Union soviétique. Ce chiffre est passé à 288 millions de dollars en 1999 (Aiding Democracy Abroad – The Learning Curve, Thomas Carothers)

[2]    Le Monde, « La société civile russe n’est pas anéantie » 01.08.2017 Par Lev Dmitrievitch Goudkov (Directeur du Centre analytique Levada)

[3]    Par exemple, the Heritage Fondation, l’un des « think tank » américains les plus influents, s’était déjà inplanté en Ukraine dès 1991, avec des programmes d’aide et d’éducation religieuse des orphelins et des familles défavorisées (US-Ukraine Fondation)

[4]    Thomas Carothers, Aiding Democracy Abroad – The Learning Curve, Carnegie Endowment for International Peace, Washington, D.C,

[5]    Thomas Carothers, Aiding Democracy Abroad – The Learning Curve, Carnegie Endowment for International Peace, Washington, D.C,

[6]    Thomas Carothers, Aiding Democracy Abroad – The Learning Curve, Carnegie Endowment for International Peace, Washington, D.C,

[7]    Carnegie Mellon University, www.cmu.edu,

[8]    Kateryne Pishchikova, Lost in Translation – USAID assistance to democracy building in post-communist Ukraine, Dutch University Press, 2006, p. 9

[9]    Kateryne Pishchikova, Lost in Translation – USAID assistance to democracy building in post-communist Ukraine, Dutch University Press, 2006, p. 9

[10]  Roger Ritvo « NGOs in Ukraine : Growing Amid Growing Concern », Academic Journal, Auburn University, Alabama, USA, 2 January 2014

[11]  « Private philantropy or policy transfer ? The transnational norms of the Open Society Institute”, Diane Stone, Policy and Politics, vol 38 no 2 p.270

[12]  Roger Ritvo « NGOs in Ukraine : Growing Amid Growing Concern », Academic Journal, Auburn University, Alabama, USA, 2 January 2014

[13]  Stewart, Ukraine on its way to Europe – Interim Results of the Orange Revolution – Historical Roots of Civil Society Development in Independant Ukraine p. 179

[14]  Stewart, Ukraine on its way to Europe – Interim Results of the Orange Revolution – Historical Roots of Civil Society Development in Independant Ukraine p. 179

[15]  Stewart, Ukraine on its way to Europe – Interim Results of the Orange Revolution – Historical Roots of Civil Society Development in Independant Ukraine p. 180

[16]  Www.ngomap.org.ua/en/map

[17]  Kateriyna Prishchpa, « Once a protester, always a protester », New Eastern Europe – The art of Revolution, January-February 2017

[18]  Kateriyna Prishchpa, « Once a protester, always a protester », New Eastern Europe – The art of Revolution, January-February 2017

[19]  Kateriyna Prishchpa, « Once a protester, always a protester », New Eastern Europe – The art of Revolution, January-February 2017

[20]  Stewart, Ukraine on its way to Europe – Interim Results of the Orange Revolution – Historical Roots of Civil Society Development in Independant Ukraine p. 180

[21]  Nataliya Zubar, Vitalii Oucharenko, « Beyond Maïdan Nezalezhnosti », New Eastern Europe – The art of Revolution, January-February 2017

[22]  Kateryne Pishchikova, Lost in Translation – USAID assistance to democracy building in post-communist Ukraine, Dutch University Press, 2006

[23]  Kateryne Pishchikova, Lost in Translation – USAID assistance to democracy building in post-communist Ukraine, Dutch University Press, 2006 p. 58

[24]  The Media Plan Project Ukraine 1990-2010,

[25]  « NGOs in Ukraine are not simply non-profit; they are also non-income. That means that they cannot be self-sustained as according to the law they cannot sell their seminars, trainings, expertise or their books. Therefore, donor support is the main source of income for these organizations” The Media Plan Project Ukraine 1990-2010,

[26]  Depuis 2003, le programme USAID U-Media a récompensé 59 NGO média locales, instituts de recherche et organisations civiles d’Ukraine, totalisant plus de 3 milliards de dollars.

[28] Heritage Fondation est régulièrement consultée par le Président américain et a contribué à la formation de l’équipe de transition de Donald Trump. La fondation fut également le seul « think tank » ayant reçu la visite du Président ukrainien Porochenko lors de son voyage aux Etats Unis au mois de juin 2017. www.heritage.org

[29]  “Globalisation dynamics have provided new opportunities for foundation influence » p. 272 « Private philantropy or policy transfer ? The transnational norms of the Open Society Institute”, Diane Stone, Policy and Politics, vol 38 no 2

[30]  Microsoft est présent en Ukraine depuis 2003, luttant contre la discrimation aux côtés de la Commission Européenne en offrant des formations technologiques aux professeurs et aux étudiants. En dix ans, 700 000 professeurs et 21 millions d’étudiants auront été formés. Microsoft est également en charge de la cybersécurité du gouvernement ukrainien (US-Ukraine Business Council)

[31]  « Private philantropy or policy transfer ? The transnational norms of the Open Society Institute”, Diane Stone, Policy and Politics, vol 38 no 2

[32]  “After Trump Win, Anti-Soros Forces Are Emboldened in Eastern Europe » , The New York Times, Rick Lyman, March 1, 2017

[33]  La provenance de ses revenus n’est pas détaillée, apparaissant sous le titre ‘3rd Parties Funding’ Rapport d’activité Open Society Foundation – Renaissance Fondation

[34]  Ce manque de clarté provoque régulièrement des articles polémiques d’autres ONG américaines telle que Judicial Watch qui a entamé une action judiciaire au mois d’avril 2017, contre le gouvernement américain, soupçonné d’avoir financé les activtés politiques de l’Open Society Foundation en Macédoine (« Judicial Watch Sues State Department and USAID for Records about Funding and Political Activities of G.Soros’Open Society Foudation  – Macedonia » , www.judicialwatch.org

[35]  Michael McFaul, « Ukraine Imports Democracy : External Influences on the Orange Revolution » p.76

[36]  Thomas Carothers, Aiding Democracy Abroad – The Learning Curve, Carnegie Endowment for International Peace, Washington, D.C p. 349

[37]  www.world.maidan.org.ua

[38]  « Private philantropy or policy transfer ? The transnational norms of the Open Society Institute”, Diane Stone, Policy and Politics, vol 38 no 2

[39]  “No time for passivity in Ukraine », The Washington Post, 9 avril 2015

[40]  La première action humanitaire de la fondation Rochefeller en Ukraine fut lors de l’épidémie de choléra au début des années 1920 qui toucha une grande partie de l’Europe centrale.

[41]  www.fundsforngos.org/foundation-funds-for-ngos/grants-for-ngos-from-rockfeller-foundation 2008

[42]  American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations (AFL–CIO)

[43]  Seymon Karikov, « Ukrainian Free trade Unions », Demokratizatsia, Institute for Russian Studies, Washington University, 1992

[44]  www.workersliberty.org/story/2014/04/23/left-and-maidan, avril 2014

[45]  Pages Facebook Rosa Luxembourg Ukraine

[46]  “Combatting corruption in Ukraine – Awaiting the results » Piotr Zochowski, OSW, www.osw.waw.pl 12/07/2017

[47]  “Ukrainian governement to focus on fighting poverty in 2017 » www.news.xinhuanet.com,2017 /01/12

[48]  Roger Ritvo « NGOs in Ukraine : Growing Amid Growing Concern », Academic Journal, Auburn University, Alabama, USA, 2 January 2014

[49]  « Private philantropy or policy transfer ? The transnational norms of the Open Society Institute”, Diane Stone, Policy and Politics, vol 38 no 2

[50]  “Forget Saakashvili’s political career. Ukrainian democracy is in danger” The Washington Post, Maxim Eristavi, 31/07/2017

[51]  “Forget Saakashvili’s political career. Ukrainian democracy is in danger” The Washington Post, Maxim Eristavi, 31/07/2017

[52]  www.ngoforum.org.ua

[53]  Rinat Akhmetov, l’un des plus riches hommes d’Ukraine, aurait 10 députés défendant ses intérêts au Parlement, www.uacrisis.org, 2017

[54]  13% du PNB de l’Ukraine est détenu par les 10 plus riches oligarques, www.uacrisis.org, 2017

[55]  “High Stakes in Ukraine – From Revolution to Ukraine » , Konstiantyn Fedorenko, New Eastern Europe, 2016

[56]  « Survival of the richest : How oligarchs block reforms in Ukraine », Andrew Wilson, European Council on Foreign Relations, 2016

[57]  The contribution of NGOs to the fight against poverty and social exclusion in Europe, Conférence des ONG du Conseil de l’Europe, 2007

[58]  OCDE Reviews of Integrity in Educaton in Ukraine 2017

[59]  Roger Ritvo « NGOs in Ukraine : Growing Amid Growing Concern », Academic Journal, Auburn University, Alabama, USA, 2 January 2014

[60]  John Lough « Russian Influence Abroad: Non-state Actors and Propaganda », Russia and Eurasia Program, Meeting Summary, Chatham House, 2014

[61]  Alexander Bogomolov, Oleksandr Lytvynenko « A Ghost in the Mirror : Russian Soft Power in Ukraine » Russia and Eurasia Programme, Chatham House, January 2012

[62]  Alexander Bogomolov, Oleksandr Lytvynenko « A Ghost in the Mirror : Russian Soft Power in Ukraine » Russia and Eurasia Programme, Chatham House, January 2012

[63]  Alexander Bogomolov, Oleksandr Lytvynenko « A Ghost in the Mirror : Russian Soft Power in Ukraine » Russia and Eurasia Programme, Chatham House, January 2012

[64]  Alexander Bogomolov, Oleksandr Lytvynenko « A Ghost in the Mirror : Russian Soft Power in Ukraine » Russia and Eurasia Programme, Chatham House, January 2012

[65]  Alexander Bogomolov, Oleksandr Lytvynenko « A Ghost in the Mirror : Russian Soft Power in Ukraine » Russia and Eurasia Programme, Chatham House, January 2012

[66]  Alexander Bogomolov, Oleksandr Lytvynenko « A Ghost in the Mirror : Russian Soft Power in Ukraine » Russia and Eurasia Programme, Chatham House, January 2012

[67]  Bogomolov et Litvynenko 2012

[68]  Bogomolov et Litvynenko 2012

[69]  Bogomolov et Litvynenko 2012

[70]  Bogomolov et Litvynenko 2012

[71]  Кримская Правда, 01/11/2017 www.kp.crimea.ua

[72]  Roger Ritvo « NGOs in Ukraine : Growing Amid Growing Concern », Academic Journal, Auburn University, Alabama, USA, 2 January 2014

[73]  A. Pastkukova et Mykhailiuk, « Hurdles for NGOs:Ukraine’s Public Organizations are Hampered by Outdated Legislation and Red Tape », The Ukrainian Week, 27/01/2012

[74]  L’Occident vu de Russie – Anthologie de la pensée russe de Karamzine à Poutine, Institut d’Etudes Slaves, 2017.

 

 

 

 

 

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