Mikheil Saakachvili

Par Yanis Hadrami

Ukraine-Géorgie. En 2015, L’ex-président géorgien (2004-2013) et figure emblématique de la Révolution des Roses, M. Saakachvili est invité par le président ukrainien P. Porochenko à le rejoindre dans sa lutte contre la corruption endémique qui gangrène le pays. C’est ainsi qu’en mai 2015, il est nommé gouverneur de l’Oblast (région) d’Odessa dans le sud du pays, sur les rives de la Mer Noire. Il se voit attribuer à cette occasion la nationalité ukrainienne. La Géorgie ne reconnaissant pas la double nationalité, il est contraint de renoncer à son passeport géorgien.

En 2016, il présente sa démission pour dénoncer l’inertie du pouvoir face aux diverses problématiques auxquelles le pays doit faire face. D’allié du régime, il se meut en farouche opposant. En septembre 2017, il retourne en Ukraine après avoir été déchu de sa nationalité ukrainienne et expulsé du pays quelques mois auparavant.

En décembre 2017, il est arrêté par les forces d’élite de la police ukrainienne avant d’être libéré par ses partisans du Mouvement des Forces Nouvelles (formation politique fondée en février 2017) dans un spectaculaire mouvement de foule. Quelques jours plus tard, les autorités ukrainiennes l’arrêtent avant de le libérer contre l’avis du Parquet qui avait requis contre lui une assignation à résidence. (Le Monde 11/12/2017) Il profite de cette occasion pour quitter le pays et rejoindre les États-Unis.

Il lui est alors reproché d’avoir tenté de prendre le pouvoir par la force et d’avoir financé des manifestations anti Porochenko. Beaucoup voient dans ces accusations une manière d’écarter un opposant de plus en plus gênant. Maxim Erestavi, chercheur au centre d’analyse américain Atlantic Council, déclare à l’AFP (14/02/2018) que cette expulsion est aussi une mise en garde de Porochenko adressée à ses éventuels opposants dans la perspective des élections présidentielles de mai 2019.

De retour en Ukraine, il est violemment arrêté par des hommes encagoulés alors qu’il dînait dans un restaurant kiévien. Il est ensuite expulsé vers la Pologne. Comme le souligne Benoit Vitkine, journaliste pour Le Monde, le « pouvoir ukrainien semble avoir choisi une demi-mesure, une expulsion vers la Pologne apparaît comme un geste moins fort et moins lourd de conséquence qu’une expulsion vers la Géorgie ». (Le Monde 14/02/2018)

En effet, Saakachvili est également poursuivi pénalement dans son pays d’origine. Le 5 janvier 2018, il est condamné par contumace par le tribunal de Tbilissi à 3 ans d’emprisonnement pour abus de pouvoir dans l’affaire du meurtre du jeune banquier Sandro Grivgliani en 2006. On lui reproche d’avoir usé de son influence pour avoir mis hors de cause quatre fonctionnaires du ministère de l’intérieur. (Le Monde 05/01/2018)

Actuellement aux Pays-Bas, pays d’origine de son épouse, Saakachvili déclare par la voix de son avocat qu’il désire y « résider de manière permanente » (Figaro 14/02/2018) avant d’envisager, probablement encouragé par la manifestation de soutien du dimanche 18/02/2018. de revenir en Ukraine et de lutter contre « les oligarques » qui « pillent l’économie du pays » (AFP 18/02/2018)

 

Sources:

Le monde, 14/02/2018

Le Monde 05/01/2018

L’AFP 14/02/2018

AFP 18/02/2018

Le Figaro 14/02/2018

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