Renouveler sans se renier ? : perspectives et hypothèses sur la nouvelle politique étrangère russe

Par Adrien Nonjon

 

« Personne ne voulait nous parler, personne ne voulait nous écouter. Écoutez-nous maintenant »

Bombant le torse dans un discours ferme et assuré, adressé aux 450 représentants de la Douma jeudi 1er mars 2018, Vladimir Poutine a dévoilé au grand jour le nouvel arsenal nucléaire russe jugé « invincible »[1]. Loin d’être le simple discours viril d’un leader réélu le 18 mars de la même année avec un score sans appel de 75% au premier tour, ces propos attestent d’un réel retour en force de la Fédération de Russie sur la scène internationale. Auréolée de victoires diplomatiques obtenues par l’exploitation des désordres de la « jungle internationale », la Russie a su, en l’espace d’une décennie, devenir un acteur incontournable dans certaines régions du globe, en affirmant son influence au détriment de l’Occident et son système international. Si la promotion par la Russie d’« une nouvelle architecture des relations internationales » sur la base d’une multi-polarité qui lui soit aussi profitable demeure son principal objectif, elle n’est pas sans risques et ni sans conséquences négatives pour elle.

Dans les confins orientaux de l’Ukraine, le mythe géopolitique de la « Novorossiya » n’est plus. La guerre hybride menée dans le Donbass depuis le printemps 2014 ne porte plus ses fruits. L’Ukraine post-Maïdan reste, en dépit du conflit et de ses fragilités internes, cramponnée à l’Europe et redouble d’efforts pour s’armer et se réformer. Dans une loi du 19 janvier 2018, la Rada ukrainienne (le Parlement) a d’ailleurs confronté la réalité de ses agissements en la qualifiant « d’agresseur occupant ». En Syrie, l’engagement militaire aux côtés de Bachar al Assad demeure une aventure incertaine au regard de la somme astronomique d’acteurs et d’enjeux qui s’y trouvent. La perte de 170 mercenaires de la SMP russe Wagner lors d’une frappe américaine dans la région de Deir ez-Zor fut, bien qu’inavoué, un réel choc pour les Russes[2], tandis qu’ils payent de leur crédibilité internationale leur silence sur les exactions du régime syrien dans la Ghouta orientale. Enfin, et non des moindres, l’élection de Donald Trump, appuyée par des hackers russes ne semble pas avoir produit l’effet tant escompté. Au lieu d’avoir trouvé dans l’impulsif président américain un allié docile et conciliant, la Russie s’est heurtée à un « deep state » inscrit dans la continuité de l’administration Obama, s’étant finalement résolu à perpétuer, dans une certaine mesure, la confrontation politico-économique avec elle.

Loin de voir resurgir le spectre de la Guerre Froide, la Russie est aujourd’hui perçue dans de nombreuses chancelleries comme une puissance révisionniste et imprévisible, qu’il faut « endiguer », comme au temps de la Guerre Froide et du « containment » kennanien. Alors qu’il entame un quatrième mandat déterminant, Vladimir Poutine pourrait établir une nouvelle feuille de route diplomatique afin de sortir son pays de l’isolement programmé. Comment opérer ce changement sans pour autant renier la nature profonde de la Russie et ses représentations ? Une rapide analyse prospective s’impose.

 

Sortir de l’auto-représentation impériale : la question du rapport de la Russie à son territoire et ses périphéries

« L’obsession de la puissance c’est bien là la première cause du malheur russe ». C’est en ces termes que Françoise Thom, résume, dans son dernier ouvrage intitulé Comprendre le Poutinisme, le décalage actuel entre les prétentions de la Russie sur la scène internationale et ses capacités structurelles réelles.

Malgré les apparences véhiculées par un régime politique fort, une armée imposante et une longue série de coups d’éclats diplomatique, la Russie demeure une puissance fragile, encore incapable d’opérer la transition vers son statut de puissance mondiale pérenne.

Dépendante encore de ses ressources pétrolifères (20% du PIB, 53% du budget étatique et 71% des exportations)[3], l’économie russe peine à se reconvertir pour offrir une croissance et des moyens de productions diversifiés. Cette incapacité structurelle héritée de la difficile période des années 1990, explique encore aujourd’hui la lenteur de sa croissance (1,5% en 2017), ainsi que son PIB de 1,283 milliards de dollars, à peine supérieur à celui de l’Espagne. A l’issue des sanctions économiques américano-européennes en 2014 et de la chute du prix des hydrocarbures, l’inflation s’est accrue, 10% entre 2015 et 2016, et les salaires ont baissés de 10%. Aujourd’hui pas moins de 22 millions de Russes vivent sous le seuil de pauvreté, dont 5 millions avec un salaire inférieur au revenu minimum.

Mais alors, comment expliquer cette volonté du pouvoir de consentir au « sacrifice » de la condition de ses citoyens au profit d’un retour à la grandeur impériale jadis perdue ? Et en quoi cette projection vers un imaginaire lointain doit-elle être revue afin d’éviter toute catastrophe ? Si la politique interne d’un État dicte en partie sa posture et son rapport à l’étranger, la géopolitique l’est tout autant, et plus particulièrement celle de la Russie. Cinéaste engagé auprès du pouvoir, Nikita Mikhailkov déclarait un jour « rien n’est politique, tout est géopolitique ».

Ainsi, les propos du réalisateur du Barbier de Sibérie mettent en exergue l’importance des représentations dans la conduite de la politique étrangère russe contemporaines. Ces dernières sont avant tout focalisées sur un besoin vital d’auto-définition de la Russie.

Territoire continent avec une densité faible, la Russie est un ensemble colossal déséquilibré dont la macrocéphalie Est/Ouest l’oblige à se concentrer sur sa condition identitaire.

Tout au long de son histoire, la Russie s’est construite autour de la vision d’un État citadelle et d’une forme d’autarcie imposée et cultivée au fil des incursions étrangères, et ce jusqu’à la toute fin de l’Union soviétique en 1991. Bien qu’atténuée avec le temps, la diplomatie et politique étrangère russe ne semble pas avoir rompu avec la représentation d’un territoire aliéné par l’ouest et désireux de renouer avec son espace allogène perdu à travers un expansionnisme autarcique.

Si Sergueï Lavrov ne souhaite plus développer les relations de la Russie avec les États étrangers « sur une base non-discriminatoire », le régime cultive cependant une peur constante d’être renversé par un mouvement populaire inspiré, voire manipulé de l’extérieur : « L’expérience du XXème siècle démontre que chaque État a le devoir sacré de penser pour lui-même et de ne pas confier son sort à des événements échappant à son contrôle. La politique étrangère de notre pays, en particulier, ne peut être l’otage des cycles électoraux d’autres pays. »[4]. Moscou accuse ainsi l’Occident d’exporter par la contrainte – déguisée ou non – « sa propre échelle de valeurs » aux autres États. Cette volonté contribuerait « à attiser la xénophobie et l’esprit conflictuel » et pourrait, à terme, provoquer « le chaos dans les relations internationales ». Selon la Conception de la politique étrangère russe paru en 2016, l’actuelle « crise grave dans les relations entre la Russie et les États occidentaux » est liée aux « problèmes systémiques » qui s’accumulent depuis un quart de siècle dans la région euro-atlantique.

Face à ce climat de tension généré par la peur de l’expansion d’un modèle politico-culturel qui lui est incompatible, la Russie considère les États de son ex-chasse gardée non seulement comme des pays « frères », mais aussi comme une zone à protéger de toute incursion étrangère. Entre les virages pro-européens et/ou otaniens de certaines de ses périphéries comme l’Ukraine, la Géorgie ou le Kirghizstan, et l’inquiétude de voir de nouveaux sanctuaires djihadistes se créer en Asie centrale, Moscou est incitée, du fait de ces problèmes sécuritaires majeurs, à imposer sa présence aux États de son ancien empire, qu’elle juge trop faibles ou trop complaisant vis-à-vis de l’étranger.

Par volonté de le soumettre de gré ou de force par des méthodes plus ou moins violentes (guerre commerciale, bataille de l’énergie ou guerre hybride), l’étranger proche prend la forme d’une panacée aux atteintes faites à la grandeur historique de la Russie. Refusant de devenir la puissance secondaire déchiquetée auxquels certains la voueraient, la Russie n’a eu de cesse de chercher à restaurer sa grandeur en s’opposant aux incursions étrangères dans son pré-carré et à leur modèle alternatif d’intégration au système-monde. La défense du pré-carré allogène est devenue une priorité de Vladimir Poutine. Comme l’affirme David Teurtrie : « l’établissement de ces véritables protectorats sur des territoires peuplés majoritairement de populations non-russes renvoie directement à un choix néo-impérial des rapports avec l’étranger proche »[5]. Comment, en effet, ne pas voir dans cette « Grand strategy » russe des relents « néo-impérialistes » ou « post-colonialistes ? »

Si cette lecture reste un tant soit peu exagérée et sur exploitée par les analystes occidentaux pour critiquer la Russie, elle reste cependant le fruit d’une pratique politique donnant l’impression d’avoir à faire un éternel empire aux visées expansionnistes, colonialistes, qui, comme à l’époque du XXème siècle se partagerait ou se réserverait les « petits États ».

Il ne s’agit pas pour la Russie de se renier en tant que nation historique et grande puissance régionale, mais bien de sortir de cette auto-représentation impériale cultivée par le pouvoir, qui lui fait défaut à l’international. La Russie pourrait ainsi adopter un discours beaucoup plus nuancé sur ses périphéries en abandonnant l’idée que les pays de l’ex-empire doivent être par le résultat de l’histoire et de l’ancienne domination à tout jamais liés.

 

Sortir de la querelle séculaire slavophile contre occidentalistes

Empire jadis foudroyé, l’espace russe est en constante recherche d’une définition de sa condition en tant qu’espace géo-civilisationnel. Cette obsession pour l’auto-centrisme et l’altéro-centrisme qui conduit la Russie à entretenir des rapports cyclothymiques avec l’étranger a pour origine le débat multiséculaire entre Slavophiles et Occidentalistes. Véritable querelle politico-intellectuelle, elle façonne encore les représentations et orientations principales de la politique étrangère russe.

Né à Moscou durant la première moitié du XIXème siècle, le Slavophilisme est un projet alternatif à la révolte des Décembristes de 1825, qui proposaient la régulation constitutionnelle, d’inspiration française, des pouvoirs du Tsar. D’essence romantique et nostalgique, le courant Slavophile tente de formuler l’exception culturelle russe en s’inspirant du romantisme allemand de la même période. Le propre de l’être russe n’est pas, selon eux, le même qu’en Europe. C’est au cours de ce tournant sémantique et idéologique, en lieu et place de l’Europe que le terme « Occident » » est utilisé comme vecteur de recentrage. Comme le théorise le philosophe Ivan Kirievsky (1806-1856), la Russie et l’Europe ne sont pas idéologiquement congénères[6].

Produit des grandes migrations indo-européennes, exclue de l’Empire romain ainsi que du pouvoir temporel et spirituel papiste catholique, la Russie constituerait un territoire à part. Elle serait ainsi séparée de l’Occident, altérité dont l’évolution correspondrait, vu de l’Est, à une longue déchéance de son universalité, et à sa réduction au principe rationaliste qui le commanderait depuis ses origines.

Dans la conception slavophile de l’État russe, celui-ci doit être bureaucratisé et subordonné au principe orthodoxe d’une société unitaire, régie par préceptes religieux. Considérés comme de simples entités politiques dépourvues d’unité et d’autonomie réelles, imprégnés des structures politico-spirituelles romaines, les États-nations européens, plus souvent considérés comme des entités creuses, inféodées à des grandes puissances, et sans libre arbitre, ne sont pour les Slavophiles que les objets d’un antagonisme originel entre conquérants et conquis.

Face à cet ensemble jugé par les Slavophiles comme moralement et culturellement impropre, la Russie doit prendre la posture d’une puissance pleine et entière fondée sur le principe de sila. Conjuguant puissance intellectuelle (religieuse et culturelle) et matérielle (géographique et culturelle), elle doit projeter son modèle moralisé et coutumier hors de son berceau, dans le but de garantir un ordre politico-culturel universel.

Contrairement au Slavophilisme, l’Occidentalisme défend une vision européenne de la Russie. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une imitation du modèle occidental mais bien de s’inspirer des valeurs et de la grammaire politico-sociale en faisant perdurer la tradition du XVIIIème siècle, parenthèse enchantée où la Russie s’est pour la première fois sentie partie constituante de la grande civilisation européenne. Progressiste par rapport aux Slavophiles, l’État doit, selon le mouvement, primer sur toutes les autres valeurs à l’image de ce que pouvait théoriser Hobbes dans son Léviathan. L’État n’est pas un monstre mais un système total. Son objectif n’est pas de créer des antagonismes.

Si la constante géopolitique de l’éternel retour de la Russie est permanente dans ces deux courants intellectuels, les ruptures politiques du XXème siècle les transforment. A l’issue de la Révolution bolchévique d’Octobre 1917, le courant Slavophile évolue vers l’Eurasisme, idéologie qui sert aujourd’hui de fondement à l’Union Eurasiatique de Vladimir Poutine.

Première vision géographique de la condition russe, l’Eurasisme défend l’idée selon laquelle la Russie n’est dû qu’au fait qu’elle chevauche deux espaces économiques et civilisationnels.

Contrairement au Slavophilisme, l’Eurasisme s’inscrit dans la logique des grandes puissances en proposant une vision endémique totale de la Russie qui doit déterminer son rôle universel dans le monde.

Il ne s’agit pas de réfuter l’Europe mais bien de contre balancer l’européanisme par le culte d’une barbarie foncière venue de l’Asie inscrite dans l’être profond de la Russie[7]. Fort de cette vision unique de sa condition, la Russie est considérée par les eurasistes comme la seule à pouvoir fédérer l’Orient et l’Occident par un étatisme pragmatique et total. Remise au goût du jour par des penseurs aux accents folkistes tel que le controversé Alexandre Douguine, la pensée eurasiste joua pendant une très courte période un rôle essentiel dans les orientations de la politique étrangère russe, en jouant sur la montée du rejet en Europe de la démocratie libérale et imposer la Russie poutinienne comme le bras protecteur d’un continent autrefois vertueux, aujourd’hui désenchanté et soumis à l’uni-polarité américaine.

Larvé et ne débouchant sur aucune prise de position réelle des élites envers l’un de deux courants — ces dernières préférant naviguer d’une idéologie à l’autre au gré du contexte — le débat entre Slavophiles et Occidentalistes s’éternise, jusque dans l’enceinte du Kremlin, ou ces deuxièmes ont été, à l’instar de l’ex-Ministre des Finances, Alexeï Koudrine, mis à l’écart par le Président Poutine.

Pour autant, une voix intermédiaire pourrait être trouvée en ménageant la Russie et son héritage politico-historique. Par exemple, Alexandre Soljenitsyne, qui dans son texte intitulé Comment réaménager la Russie, militait pour une troisième voie à cheval entre les lègues soviétique et impériaux. N’étant pas hostile au principe démocratique, Soljenitsyne doute de son application en Russie, dans la mesure où les velléités locales engendreraient corruption et non prise en compte des intérêts populaires. Véritable patriote, Soljenitsyne imagine une Russie dirigée par un pouvoir présidentiel fort, suppléé d’une forme de démocratie locale constituée par un tissu d’associations gérant les affaires indépendamment du pouvoir. Ce dernier ne devrait ainsi s’occuper que des affaires nationales (armée, politique étrangère, etc.). Opposé à toute forme de nationalisme, l’écrivain prétend que le bilan du tsarisme est « supérieur à celui du communisme, en termes de satisfaction des besoins et d’élévation morale du peuple russe ».

En guise d’organisation géopolitique de la Russie et de ses marges, Soljenitsyne souhaite voir les liens se renforcer entre les différentes communautés appartenant à l’espace nucléaire slave (Russie, Biélorussie, Ukraine), quitte à abandonner les anciennes républiques caucasiennes et centres-asiatiques, produit des politiques staliniennes et khroutchéviennes. Dans le même temps, une renaissance spirituelle orthodoxe s’inspirant de la thèse slavophile, permettra non pas la restauration de l’empire sui generis mais bien la préservation du peuple et de sa « grandeur ».

 

Réintégrer l’ordre international ?

Ne disposant plus d’une idéologie universelle, comme cela pouvait être le cas pendant l’époque impériale et communiste, la Russie cherche aujourd’hui, en défendant l’idée d’un monde multipolaire, à transformer en profondeur les fondements de la puissance occidentale en produisant un contre narratif dénonçant l’inadéquation du libéralisme et de ses pratiques actuelles. Vu par certains comme un nouvel agent de la « révolution conservatrice » ou du « virage à droite » mondial, la Russie n’aspire plus à maintenir et renforcer le poids de la communauté internationale et ce, sous couvert d’une défense de la souveraineté des États.

Si le soutien aux institutions internationales tels l’ONU et le Conseil de Sécurité reste prioritaire, tout comme le fait de garantir l’intangibilité des dispositions et des principes clés de la Charte des Nations-Unies, il semblerait que Moscou affirme malgré tout son intention de s’opposer aux « tentatives d’utiliser le concept de la défense des droits de l’homme comme un outil de pression politique et d’ingérence dans les affaires intérieures des États, notamment afin de les déstabiliser »[8] et d’y renverser les régimes.

Bien sûr, le discours officiel contrebalance cette attitude, on ne peut pas répéter l’histoire jadis conflictuelle, mais on peut essayer « de ne pas répéter les erreurs ». Si la Guerre froide selon Sergueï Lavrov « fut une aberration dans le développement des relations internationales, nous pouvons et nous devons renverser cette logique dans la politique actuelle », la Russie semble reproduire de manière analogue les erreurs du passé en s’inscrivant à l’encontre des règles de bienséances internationales les plus élémentaires.

Pour la Russie le droit international n’existe pas.

Il s’agirait d’une fiction américaine imaginée à l’issue de la Guerre Froide pour endiguer la Russie. Il lui serait donc impossible de s’imprégner des injonctions de la gouvernance mondiale.

Renouveler avec l’ordre international suppose pour la Russie d’accepter d’apparaître comme un interlocuteur responsable, c’est à dire ne pas chercher l’isolement, comme au sommet du G20 à Brisbane en novembre 2014, où Vladimir Poutine avait claqué la porte comme un aveu de faiblesse. Il s’agit en tant que puissance régionale et future puissance mondiale de devenir respectable et ouverte au dialogue, tel que pouvait le concevoir Henry Kissinger.

La Russie est un partenaire clé, qui gagnerait beaucoup au change en s’ouvrant à la communauté internationale, voire en la surprenant en endossant les responsabilités dont l’Occident s’est délaissé, comme le soutien actif aux Chrétiens d’Orient.

D’autre part, il serait intéressant, en dépit du contexte international favorisant le retour du facteur militaire comme atout de puissance, d’abandonner celui-ci au profit d’un soft power culturel raisonné, comme la diplomatie culturelle.

A la fois puissante et impuissante, la Russie est parvenue, malgré tout, à garder une place relativement centrale dans la vie internationale, au prix de la crainte de ses partenaires et d’un isolement. Les victoires diplomatiques enregistrées depuis septembre 2013 en Syrie (la destruction des armes chimiques sous contrôle russe conduit les États-Unis et la France à renoncer à l’option du recours à la force et, comme le voulait Moscou, il contribue au maintien au pouvoir de Bachar al Assad et à la perpétuation de ses atrocités) n’infirment pas ce constat. La Russie a des ressources idéologiques et diplomatiques qu’elle ne parvient qu’imparfaitement à utiliser, pour des raisons de représentations – les messages envoyés entrent souvent en contradiction avec la réalité de sa condition – et à son évolution interne. Les réalités compliquent sa capacité d’influence extérieure. L’efficacité de son action à l’étranger est liée à l’aptitude du pouvoir à articuler les différentes orientations de la politique menée et à donner à l’ensemble une cohérence.

Elle l’est aussi à son engagement sur la voie de la modernisation politique et économique : le dynamisme interne se répercuterait alors sur l’attraction qu’elle exercerait à l’extérieur.

 

[1] Dans un balais d’images de synthèses et autres schémas, V.Poutine a révélé que les forces armées russes avaient développé un nouveau missile capable de frapper n’importe quel point sur le globe et à même d’éviter tous les parapluies de défense occidentaux

[2] http://www.rfi.fr/europe/20180228-mercenaires-russes-tues-syrie-polemique-enfle-moscou

[3] Thorniké Gordadzé, « Faire face à la Russie », Politique étrangère 2017/1 (Printemps), p. 71-82.

[4] https://www.alterinfo.net/LES-FONDEMENTS-DE-LA-POLITIQUE-ETRANGERE-RUSSE-VUS-PAR-SERGUEI-LAVROV_a1285.html

[5] David TEURTRIE, Les enjeux de souveraineté entre la Russie et son étranger proche,Thèse dirigée par MM. Robert HÉRIN et Stanislav L. TKACHENKO, 2007

[6] Ekaterina Dmitrieva, « Visions russes de l’Europe centrale occidentalistes et Slavophiles », Revue germanique internationale, 1, 1994

[7] Best Robert, Les slavophiles et le problème du pouvoir. In: Revue des études slaves, tome 56, fascicule 4, 1984. pp. 609-612

[8] https://www.lecourrierderussie.com/international/2016/12/monde-moscou-conception-politique/

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