Par Valérie Geneux
- 29 avril 2018
Le Kosovo en quête de reconnaissance internationale
Balkans. La participation de plusieurs États au sommet entre l’Union européenne et les Balkans occidentaux à Sofia en Bulgarie, prévu au mois de mai 2018, était compromise du fait que cinq États membres de l’Union européenne dont Chypre, l’Espagne, la Grèce, la Roumanie et la Slovaquie, ne reconnaissent pas le Kosovo comme un État indépendant. La question de l’élargissement de l’Union européenne dans cette région ne devait donc, selon eux, pas figurer au programme du sommet. Finalement un compromis a été trouvé afin de satisfaire et d’assurer la participation de tous les partis : les pays membres de l’Union européenne seront désignés dans le document officiel par « États » tandis que les pays des Balkans occidentaux par le terme « partenaires ». Le but de ce sommet étant d’établir des liens entre l’Union européenne et les Balkans occidentaux, notamment sur les transports et l’énergie, les organisateurs ont néanmoins revu à la baisse leurs attentes au profit de réalisations de projets concrets.
L’Espagne en a aussi profiter pour affirmer cette semaine que le Kosovo ne peut, à l’heure actuelle, envisager une perspective d’adhésion à l’Union européenne ; et à aussi rappeler que 2025 n’est qu’une date mais aucunement une promesse d’adhésion de l’Union européenne faite à la Serbie et au Monténégro.
Bien que le président serbe, A. Vucic, a déclaré que les négociations concernant le Kosovo seraient retardées, estimant qu’il faut plus de temps notamment aux États-Unis et à l’Union européenne pour comprendre la nécessité de faire accepter certaines concessions au Kosovo quitte à user de leur influence et d’ajouter que les citoyens serbes préfèrent un conflit gelé plutôt qu’une résolution ; le Kosovo a, quant à lui, mis en place une « plateforme consensuelle » chapeauté par le président kosovar H. Thaci, afin de trouver un « consensus sur les négociations avec la Serbie ». Cette plateforme qui doit être votée au parlement ne fait pas l’unanimité au sein du parti de l’opposition Vetevendosje, qui dénonce le manque de contrôle sur les futures réalisations de cette plateforme.
- 22 avril 2018
V. Seselj hors de contrôle et au dessus des lois
Serbie. Après ne pas s’être présenté à la lecture de son verdict par le TPIY, le député serbe V. Seselj fait encore parler de lui. Condamné à dix ans de prison pour avoir tenu des discours nationalistes incitant à des crimes envers les populations non serbes dans la région de Voïvodine en Serbie en 1992, V. Seselj refuse de quitter son poste de député au parlement bien que les faits qui lui sont incombés soient incompatibles avec sa fonction. Plusieurs ONG, dont Youth Initiative for Human Rights (YIHR), ont d’ailleurs manifesté devant le parlement mercredi 18 avril 2018 afin de demander son départ immédiat. La loi serbe prévoit l’arrêt du mandat d’un député si ce dernier est condamné à une peine de prison de six mois ou plus.
Une délégation de députés croates a aussi fait les frais de la brutalité de V. Seselj. En effet, mercredi 18 avril 2018, lors d’une séance au parlement, ce dernier a insulté d’ « Oustachis »[1] la délégation croate et a piétiner leur drapeau. Les députés croates qui avaient rencontré la veille le président serbe A. Vucic ainsi que la première ministre A. Brnabic ont mis fin sans délai à leur visite à Belgrade.
V. Seselj ne s’est pas arrêté là et a annoncé un grand rassemblement à Hrtkovci le 6 mai prochain afin de fêter l’anniversaire du discours nationaliste pour lequel il a notamment été condamné la semaine dernière. Néanmoins, le ministre de l’Intérieur, N. Stefanovic, a annoncé le vendredi 20 avril 2018 que le rassemblement prévu par V. Seselj ne sera pas autorisé. Ce dernier a déjà déclaré que la manifestation aura lieu et affirme ne pas se soucier de l’interdiction prononcée par les autorités.
[1] Les Oustachis, mouvement séparatiste croate durant la Seconde guerre mondiale, étaient fascistes, antisémites et anti-yougoslaves.
- 15 avril 2018
Verdict de V. Seselj ou le compromis parfait
Belgique, Serbie. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a rendu son verdict sur le cas de V. Seselj cette semaine. En mars 2016, ce dernier avait été acquitté en première instance et n’avait pas été reconnu coupable de crime contre l’humanité, de persécution envers les populations non serbes ainsi que de déportations. Le but politique de créer une Grande Serbie n’impliquait pas pour les juges la perpétuation de ces crimes par V. Seselj. Le verdict de ce mois d’avril 2018 apparaît alors comme un compromis bien trouvé. En effet, V. Seselj a été condamné à dix ans de réclusion pour incitation aux crimes accompagnés de discours nationalistes dans la région de Vojvodina (Serbie) mais pas pour le chef d’accusation de crime contre l’humanité. Étant donné qu’il a déjà passé onze ans en prison, de 2003 à 2014, sa peine est considérée comme purgée et il ne retournera pas derrière les barreaux.
En 2014, il avait pu rentrer en Serbie afin de se faire soigner contre un cancer ; depuis la Serbie refuse son extradition malgré « la notice rouge » d’Interpol lancé contre lui. V. Seselj, menant aujourd’hui une carrière politique, se moque bien du verdict du TPIY et ne manque pas de le faire savoir dans les médias. Cette semaine il a notamment affirmé : « Je suis fier de tous les crimes de guerre et des crime contre l’humanité qu’ils [les juges du TPIY] m’attribuent, et je suis prêt à les répéter dans le futur ». Le parlement serbe lui à demander de démissionner suite au verdict mais ce dernier refuse de quitter ses fonctions.
Les victimes de la guerre qui a touché l’ex-Yougoslavie dans les années 1990 ont témoigné leur désapprobation et leur déception face au jugement soulignant qu’il n’y a pas de justice pour ces dernières.
- 8 avril 2018
La violence comme réponse à la violence
Albanie. Le weekend de Pâques (30 mars – 1 avril 2018) a été l’occasion de violentes manifestations en Albanie. En cause, l’instauration de péages payants, allant de 2.50 euros à 22 euros, sur l’ « autoroute de la nation » qui traverse le pays jusqu’au Kosovo. Pour rappel, la construction de l’autoroute, débutée en 2009, a coûté au contribuable près de deux milliards d’euros. A Kükes, petite ville au nord du pays, les manifestations ont dégénérées menant à la destruction des péages, à plusieurs dizaines de blessés dont des policiers ainsi qu’à l’arrestation de vingt trois personnes. Dimanche 1er avril 2018, une centaine de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale Tirana afin de demander la libération des personnes arrêtées la veille. La police a alors bloqué l’accès au tribunal où elles étaient jugées mercredi 4 avril 2018.
En introduisant un péage payant sur l’autoroute, le premier ministre albanais, E. Rama, prévoit de « céder [l’autoroute] en concession pour trente ans dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) » plutôt obscur dans un contexte où la corruption fait partie de toutes les couches de la société. Les citoyens albanais s’indignent donc contre ce qu’ils qualifient de vol. L’opposition a alors appelé tous les citoyens à la « désobéissance civile » afin de lutter contre les élites oligarchiques en place au pouvoir. Par la suite, par solidarité envers les personnes arrêtées et pour protester, les partisans de l’opposition ont bloqués plusieurs routes dans tout le pays. Ce qui devait être un simple mécontentement de la population en vue de l’instauration de nouvelles taxes se meut en revendication politique et citoyenne contre un problème bien plus profond. Pour F. Lubonja, publiciste albanais, « la violence des citoyens de Kükes est la réponse à la violence du gouvernement et de ses collaborateurs oligarchiques ». La violence semble alors être le seul moyen de communication entre le gouvernement albanais et ses citoyens étant donné que la confiance de ces derniers envers les institutions étatiques s’avère complétement mis à mal.
- 1 avril 2018
Clash diplomatique entre la Serbie et le Kosovo
Belgrade, Pristina. Lundi 26 mars 2018, M. Duric, directeur du Bureau serbe pour le Kosovo, a été arrêté par les forces spéciales de police kosovare à Mitrovica-nord (Kosovo) pour être entré illégalement sur le territoire. Après être intervenue à coup de bombes lacrymogènes et de sprays au poivre, la police a arrêté M. Duric et l’a conduit sous lourde escorte dans la capitale Priština. Des images et vidéos tournent actuellement sur le net montrant M. Durci menotté, courbé en deux, forcé à marcher pour rejoindre un commissariat de police. Après avoir été renvoyé en Serbie le soir même, M. Duric s’est exprimé publiquement le lendemain, le mardi 27 mars 2018, en déclarant avoir été « traîné comme un chien », menacé à l’aide armes et avoir été battu.
Pour le ministre kosovar des Affaire étrangères, B. Pacolli, aucune autorisation n’a été délivrée permettant l’entrée sur le territoire kosovare par une délégation serbe. De ce fait, il considère la présence de M. Duric comme une violation de la loi kosovare ainsi que de l’accord de Bruxelles. Néanmoins, le président serbe, A. Vucic, ainsi que M. Durci affirment avoir fait une demande plus de 70 heures avant l’entrée sur le territoire de ce dernier et donc d’avoir respecté les procédures.
La question ici n’est pas de savoir qui était dans son droit ou non mais de souligner le manque de clarté des procédures de l’accord de Bruxelles de même que l’improductivité du tour de force de la police kosovare dans ce genre d’affaire.
En effet, dans un contexte où la Serbie et le Kosovo sont en pleins pourparlers dans le but de reconnaître l’indépendance de ce dernier par la Serbie, les cartes sont désormais largement redistribuées en défaveur du Kosovo. Assurément, le parti des Serbes du Kosovo, la liste Srpska, n’a pas tardé à répliquer en quittant le gouvernement kosovar le mercredi 28 mars 2018 mettant à mal le premier ministre R. Haradinaj qui perd sa majorité. Rappelons que la Constitution du Kosovo exige qu’une représentation serbe siège au gouvernement.
Après cet événement entravant le bon processus de la normalisation des relations entre les deux États, le président serbe, A. Vucic, va-t-il encore proposer un accord en juin 2018 en vue de reconnaître l’indépendance du Kosovo (moyennant un échange de territoire) ou tous les efforts effectués jusqu’à présent ont-ils été balayés par cet incident diplomatique ?
- 25 mars 2018
Réélection de V. Poutine
Balkans. L’actualité de cette semaine a été marquée par la réélection de V. Poutine en Russie. Dans les Balkans ce nouveau mandat présidentiel a été l’occasion de réaffirmer ou non dans la presse les alliances stratégiques entre les différents États. D’un côté, les États qualifiés de pro-russes ou avec un gouvernement pro-russe dont la Serbie de A. Vucic, I. Dodon, président de la Moldavie, K. Grabar Kitarovic, présidente de la Croatie et M. Dodik président de la République Srpska ont félicité le chef d’État russe en soulignant l’amitié, la coopération et l’état des bonnes relations entre le partenaire russe et leur gouvernement. La Serbie, qui a envoyé une délégation d’observateurs durant les trois jours de la présidentielle russe, a souligné qu’elle allait « s’inspirer de l’expérience de la démocratie russe et tenter de l’appliquer à la Serbie »
Les autres États balkaniques, à savoir la Roumanie, la Macédoine, le Kosovo, l’Albanie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Bulgarie, n’ont pas manifesté de réaction. Cela peut se comprendre par le fait que la plupart d’entre eux font partie de l’OTAN, organisation profondément antirusse par essence. Ainsi les Balkans se retrouvent divisé entre les pro-russes et les pro-occidentaux, acteurs qui tentent chacun par leurs moyens d’imposer leur influence dans la région.
- 11 mars 2018
Droit des femmes : un pas en avant, deux pas en arrière
Balkans. Le jeudi 8 mars, tous les États des Balkans se sont mobilisés à leur façon pour la journée internationale de la lutte pour le droit des femmes. Rassemblements, manifestations, marches, expositions étaient à l’ordre du jour un peu partout : marche nocturne dans plusieurs villes de Croatie, festival international de l’art féministe en Slovénie, exposition de œuvres de Vida Jocic au Monténégro etc.
Néanmoins, face à ces démonstrations citoyennes pour plus de droits, d’égalité et de reconnaissance envers les femmes, trois ombres viennent se loger au tableau. Premièrement, la Bulgarie a refusé, ce mercredi 7 mars, de signer la Convention d’Istanbul portant sur la lutte contre les violences domestiques. Alors que les opposants au traité, principalement les conservateurs, les représentants de l’Eglise orthodoxe et le Grand mufti ainsi que les nationalistes et l’opposition socialiste, ont décrié un problème de traduction sur la notion de genre pouvant ouvrir la voie à la reconnaissance du mariage homosexuel, mais aussi ont mis en évidence que ce traité incitait l’introduction de programme scolaire étudiant l’homosexualité et pouvant créer des opportunités encourageant les mariages homosexuels. Le Fund for Women bulgare a, quant à lui, souligné, lors de la marche pour les droits des femmes à Sofia, que plus d’un tiers des femmes bulgares sont victimes de violences. La Slovaquie a, elle aussi, refusé de signer la Convention.
La loi sur l’avortement est en cours de révision en Macédoine. Le ministre de la santé, V. Filipce, a déclaré ce jeudi 8 mars que la santé des femmes restait une priorité sans spécifier quelles mesures allaient être appliquées pour la loi sur l’avortement. Cette dernière est déjà largement complexifiée par le fait qu’une femme désirant avorter doit d’abord passer devant un conseil obligatoire et faire une demande écrite pour avorter.
Pour finir, le droit à l’avortement est lui aussi menacé en Croatie où la loi de 1978 va être modifié suivant un durcissement. Le but des demandeurs de cette révision étant que l’avortement « soit l’exception et non la règle » rendant ainsi l’avortement encore plus difficile d’accès qu’il ne l’est actuellement dans le pays. Les opposants à cette nouvelle loi décrient le manque de transparence et d’information qui l’entoure.
Aujourd’hui, « le droit des femmes à disposer librement de leur corps est en danger » dans tous les Balkans et ce, malgré les manifestations mettant le 8 mars à l’honneur. Le changement se serait-il donc que de la poudre aux yeux masquant largement un retour conservateur sur la question du droit des femmes et de l’égalité des genres ?
Élections à Belgrade
Les résultats des élections municipales de Belgrade, qui se sont tenues le 4 mars dernier, n’ont pas été d’une grande surprise. Le SNS, parti du président A. Vucic, a remporté 45% des voix accédant ainsi à la mairie de la ville. Alors qu’ A. Vucic s’est félicité de ce score, il faut noter que ce dernier a clairement monopolisé le temps de parole dans les médias étant ainsi omniprésent. Ironie du sort, A. Vucic a déclaré que ces élections étaient un « festival de la démocratie ». Le mouvement citoyen Ne Davimo Beograd, qui était descendu dans la rue pour protester contre la mauvaise gestion de la municipalité et contre la corruption, a remporté 3,5% des voix, résultat insuffisant pour accéder au quorum. Vingt quatre partis se présentaient pour ces élections donc beaucoup ne servaient qu’à diviser l’opposition anti-Vucic. Ainsi, cette dernière n’arrive pas à s’allier et s’organiser afin de condenser ses votes et de se constituer en véritable adversaire face au SNS.
La Macédoine toujours dans l’impasse
Le weekend dernier, des dizaines de milliers de personnes se sont réunis dans le monde entier afin de protester contre un éventuel changement de nom de la Macédoine. A Sidney (30’000 personnes), Perth, Brisbane, Washington, et dans une dizaine de villes européennes (Macédoine, Grande Bretagne, Slovénie, Italie, Pays-Bas, République Tchèque et Malte) la diaspora macédonienne a témoigné son refus catégorique de changer la Constitution de son pays d’origine. Les manifestants ont exigé l’arrêt des pourparlers avec la Grèce sur ce sujet. Au cœur du débat se trouve l’identité même des Macédoniens qui leur semble en danger.
- 4 mars 2018
Toponymie de la Macédoine, vers une solution ?
Skopje, Macédoine. Entre la Grèce et la Macédoine persiste un conflit toponymique au sujet de cette dernière. Athènes réclame depuis plus de trente ans que la Macédoine change sa Constitution car le nom de Macédoine caractérise déjà une région au Nord de la Grèce. Au delà du problème de changement de nom, il s’agit pour les Macédoniens d’une question relative à leur identité nationale. Mardi 27 février 2018, ils étaient plusieurs milliers à manifester sous la neige dans les rues de Skopje afin de protester contre un éventuel changement de nom. Cependant les premiers ministres grecs et macédoniens, A. Tsipras et Z. Zaev, sous la supervision du médiateur des Nations Unies, M. Nimetz, sont en négociation afin de trouver une solution. M. Nimetz a proposé plusieurs noms à Z. Zaev dont « République de Macédoine du Nord », « République de Haute-Macédoine », « République de Macédoine Vardar » et « République de Macédoine (Skopje) ». Ces suggestions pourraient être la clé afin que la Macédoine puisse devenir membre de l’OTAN, candidature que la Grèce avait bloquée en 2008 et qui avait aussi compromis son adhésion à l’Union européenne.
Une résolution devrait donc être trouvée avant le mois de juillet durant lequel se tiendra le sommet de l’OTAN à Bruxelles.
Justice transnationale balkanique
La Haye, Bruxelles. V. Seselj, fondateur du Mouvement tchetnik serbe en 1990 et actuellement député en Serbie, a été accusé de crime contre l’humanité lors de sa participation durant les guerres en Krajina croate, en Slavonie et en Bosnie-Herzégovine. Acquitté en 2016 car selon la justice, promouvoir une « Grande Serbie » n’impliquait pas la perpétuation de crimes, V. Seselj a affirmé qu’il ne se rendrait pas à la Haye en avril prochain afin d’entendre le verdict de deuxième instance le concernant.
Au mois d’avril encore, un autre procès va se tenir : celui du serbe R. Karadzic. Ce dernier va demander son acquittement notamment pour les accusations d’instigateur du génocide de Srebrenica et de crimes contre l’humanité. L’accusation va quant à elle demander à ce que R. Karadzic soit reconnu coupable et condamné à la prison à vie.
Verdicts en avril donc.
Mouvement citoyen à Belgrade
Belgrade, Serbie. Le mouvement citoyen Ne Davimo Beograd (Ne cédons pas Belgrade) prend de l’ampleur au vue des élections municipales qui se tiendront ce dimanche 4 mars. Son credo : être actif en politique sans pour autant tomber dans la corruption. A la tête de Ne Davimo Beograd, D. Veselinovic, lutte aussi pour la préservation du centre ville historique en proie à de multiples destructions. En opposition avec le pouvoir en place, cette initiative citoyenne représente une véritable menace. Elle a d’ailleurs déjà été victime de menace et de pression et a été décriée par les médias pro-gouvernementaux.
L’intégration bosnienne en de bonne voie
Sarajevo, Bosnie-Herzégovine. Cette semaine, J.-C. Juncker a effectué sa tournée express dans les Balkans. A cette occasion, il s’est vu remettre par la Bosnie-Herzégovine le questionnaire de la Commission européenne. Ce formulaire avait été remis en décembre 2016 à la Bosnie-Herzégovine et a pour but d’ « orienter le processus d’intégration européenne du pays ».
Un autre pas a été fait par la Bosnie-Herzégovine dans son processus d’intégration : celui de membre de l’Organisation Mondiale du Commerce. Les négociations finales ont lieu depuis le début du mois de janvier à Genève. Bien que la Bosnie-Herzégovine ait dû procéder à un certain nombre de réformes en vue d’intégrer l’OMC, elle voit d’un bon œil sa future participation à l’organisation.
- 25 février 2018
La liberté de presse mise à mal en Serbie
Serbie, Belgrade. La sonnette d’alarme concernant la liberté de presse en Serbie a été tirée cette semaine lors d’une conférence de presse organisée par Reporters sans Frontières et l’Association des journalistes indépendants de Serbie le 20 février 2018. Les conditions d’exercices de la liberté de presse dans le pays n’ont cessé de se détériorer depuis au moins ces cinq dernières années jusqu’à arriver à une situation critique aujourd’hui. Dernier épisode en date du 19 février 2018 : la menace d’expulsion par le gouvernement serbe du journaliste français B. Bertinchamps officiant entre autre pour le Courrier des Balkans.
L’ingérence politique dans les médias est aussi constatée par le Commission européenne dans son rapport du mois de février 2018. Pour rappel, la Serbie, ainsi que d’autres États des Balkans, a récemment réitéré sa volonté devenir candidate à l’adhésion de l’Union européenne d’ici 2025. La Serbie doit avant tout entreprendre de nombreuses réformes en matière de droits fondamentaux, du respect de l’État de droit et de la liberté de le presse pour espérer remplir les conditions d’adhésion à l’Union européenne.
Dix ans d’indépendance du Kosovo
Kosovo, Pristina. Le 17 février 2018, le Kosovo a célébré ses dix ans d’indépendance. Malgré l’optimisme et l’enthousiasme des débuts, le bilan économique et politique reste très mitigé. En effet, le pays est largement rongé par la corruption et peine à se développer.
Les pourparlers serbes, soutenus par les Russes, n’envisagent aucunement de reconnaître l’indépendance du Kosovo. Initiative néanmoins soutenue par l’Allemagne et l’Union européenne – l’Union européenne a reconnu l’indépendance du Kosovo bien que cinq États membres dont l’Espagne et la Grèce ne l’ont pas fait. Le président serbe A. Vucic, excluant toute solution qui viserai à reconnaître cette indépendance, a suggéré le mardi 20 février, lors de sa rencontre avec le premier ministre allemand S. Gabriel, de trouver un compromis basé sur la partition du Kosovo d’ici le mois d’avril 2018 afin d’éviter le risque d’un conflit gelé entre le Kosovo et la Serbie. Les différentes propositions de compromis émanant de la partie serbe reposent sur un principe d’échange de territoire peuplé à majorité de Serbes et d’Albanais entre la Serbie et le Kosovo. Ce dernier rejette toute éventualité qui compromettrait ses frontières actuelles.
La position ferme sur la question de la non reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par la Serbie constitue une entrave pour cette dernière dans son processus d’intégration à l’Union européenne. Il est donc dans son intérêt de trouver rapidement une solution viable pour tous.
Exode démographique
Albanie, Tirana, République Srpska, Banja Luka, Croatie, Zagreb. Le phénomène d’émigration touche actuellement tous les États des Balkans. L’Albanie a cette semaine publié des chiffres alarmants : 330’000 Albanais ont quitté le pays entre 2011 et 2018. Ces derniers, qui décident de quitter leur pays pour aller s’établir dans les États de l’Union européenne principalement, le font dû aux mauvaises conditions économiques et au manque de perspective d’avenir qu’ils désirent meilleur.
Même constat du côté de la République Srpska où l’exode des habitants engendre une stagnation voir un ralentissement du développement: le Fond Monétaire Mondial fait état d’une baisse de croissance pour l’année 2018. La chambre de commerce de la République Srpska a déclaré ce 20 février que l’exode des jeunes et des personnes qualifiées représente une menace significative pour le potentiel de développement. A noter que la Bosnie Bosnie-Herzégovine ne détient pas de statistiques officielles sur son taux d’émigration.
Dans la même mouvance, ce vendredi 23 février, le secrétaire d’État à la Démographie de Croatie, M. Strmota, a démissionné en direct lors d’une conférence de presse portant sur la revitalisation démographique, pointant du doigt l’inaction du gouvernement croate dans sa mission à limiter l’exode des jeunes croates vers l’étranger. C’est une grande première qui fait l’effet d’une bombe en Croatie. En effet, c’est la première fois qu’un employé du gouvernement dénonce ainsi le « manque de sérieux » de ce dernier. Frustré par l’insuffisance de possibilités octroyées et l’inaction de son ministère face à une situation d’urgence, M. Strmota quitte sa fonction et son salaire confortable comme signe de protestation. M. Strmota sera-t-il le nouveau héros de Croatie et a fortiori des Balkans, capable de soulever les vrais problèmes de mauvaise gouvernance et de déficit démographique ? Affaire à suivre.