Par Valérie Geneux
La Grèce et la Macédoine sont finalement tombées d’accord, dimanche 17 juin 2018, sur le nouveau nom qu’adoptera cette dernière. Après des années de conflit et des mois de négociations entre les deux premiers ministres, A. Tsipras et Z. Zaev, l’ARYM, Ancienne République Yougoslave de Macédoine, portera désormais le nom de République de Macédoine du Nord afin de marquer clairement une distinction avec la province de Macédoine en Grèce et les références à la Macédoine antique.
Cet accord va permettre à la Macédoine d’accéder, dans un futur proche, aux négociations d’adhésion à l’OTAN et à l’Union Européenne qui étaient jusqu’alors bloquées par le veto grec. Néanmoins, avant d’être véritablement effectif, le nouveau nom de la Macédoine doit être ratifié par les Parlements grec et macédonien ainsi que par le peuple macédonien au mois de septembre 2018.
C’est à partir de là que la tâche des deux ministres, A. Tsipras et Z. Zaev se complique. En effet, cet accord, qualifié d’historique par les médias et salué par J. Hahn, le commissionnaire de l’élargissement de l’Union Européenne et par F. Mogherini, cheffe de la politique extérieure de l’Union Européenne, ne fait de loin pas l’unanimité.
Le mécontentement grec s’est immédiatement manifesté tout comme du côté macédonien. Dans la province de Macédoine, en Grèce, la population s’est mobilisée à Thessalonique durant le weekend du 16-17 juin 2018 pour protester contre ce changement de nom qu’elle juge être un « recul national » pour le pays. Le mouvement Aube dorée et le parti politique Nea Démokratija faisaient partie de la mobilisation. Au sein même du parti politique d’A. Tsipras, l’accord ne fait pas l’unanimité et déjà douze élus, originaires de la province de Macédoine, ont quitté le parti remettant en cause la légitimité du ministre à conclure de genre d’accord. Mais bien plus que le gouvernement, A. Tsipras doit convaincre la population des biensfaits de cet accord ; population qui est majoritairement défavorable au nouveau nom trouvé pour son voisin et qui brandissait, lors des manifestations du weekend du 16-17 juin 2018, des slogans du type « La Macédoine est une et uniquement grecque !« .
Du côté de Skopje, quelques 2’000 manifestants ont témoigné leur mécontentement face à l’accord conclut dimanche 17 juin 2018. Le rassemblement a dégénéré et les forces de police sont intervenues avec pour résultats 27 blessés et des terrasses de café détruites. Le président macédonien, G. Ivanov, a affirmé, jeudi 14 juin 2018, qu’il ne signera pas l’accord sur le nouveau nom du pays qu’il juge préjudiciable.
Le premier pas vers un accord en la Macédoine et la Grèce est donc entamé, reste à savoir s’il deviendra effectif.