Par Valérie Geneux
Le 28 juin 1948, le Kominform se réunissait afin de statuer sur l’exclusion de la Yougoslavie du bloc communiste. La rupture Tito-Staline est alors consumée.
Septante ans après, la Faculté des Humanités et des Sciences sociales de Zagreb et de Ljubljana se réunissent afin d’organiser une conférence pour marquer cet anniversaire si particulier. Pour cette même occasion, se tient à Belgrade une exposition sur les contradictions du socialisme yougoslave nommée « Nous avons construits des villes ».
En 1948, Staline décidait de la mise au banc de la Yougoslavie sous prétexte de « présences d’éléments nationalistes » dans le pays. Staline, certain que l’exclusion du bloc allait affaiblir la Yougoslavie, ne fit rien pour rétablir le contact diplomatique et les relations entre les deux entités restèrent mauvaises jusqu’en 1955, à la mort de Staline.
Dès la rupture, Tito entreprit un certain nombre de purge visant les partisans de Staline qui furent envoyés dans le camp de Goli Otok en Croatie. 16’500 prisonniers y travaillèrent et entre 400 et 600 y perdirent la vie. Du côté de l’Union soviétique, des purges ont aussi été effectuées afin d’éliminer les partisans titistes. Ce prétexte a été largement utilisé notamment pour se débarrasser des rivaux indésirables.
Malgré la réconciliation, Tito décida de poursuivre sa voie yougoslave qui mènera le pays à l’un des plus hauts niveaux de prospérité économique de tous les États socialistes d’Europe Centrale et Orientale de l’époque. Contre toute attente, la rupture Tito-Staline permit à la Yougoslavie de se développer selon son propre modèle économique, à cheval entre l’économie de marché et le socialisme ; et d’être à l’origine de la création du mouvement des « non-alignés » en 1956, rejoint notamment par l’Inde de Nehru et l’Egypte de Nasser. Ainsi, la Yougoslavie a pu jouer sur sa neutralité internationale et établir un rapprochement significatif sur les plans politique, économique et diplomatique avec l’Occident.