Par Yanis Hadrami
Varsovie. En février dernier, le Parlement polonais adopte une loi incriminant toute tentative de rendre la Pologne co-responsable des exactions à l’encontre de la communauté juive commises lors de la Seconde Guerre Mondiale. L’adoption de cette loi controversée suscite la colère des milieux académiques, associatifs et diplomatiques qui craignent de voir la liberté d’expression et de recherche de la vérité historique entravée par ce dispositif législatif.
L’obstination de la majorité conservatrice du PIS à l’époque rend caduque tout espoir d’atténuation de la loi par voie d’amendement.
Or, mercredi 27 juin 2018, le Parlement polonais (388 voix pour et 25 contre et 5 abstentions) vote la suppression des sanctions pénales prévues en cas de violation de cette loi. Si des poursuites pénales ne sont plus envisageables, il demeure toutefois possible d’engager des poursuites au civil. Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, estime en effet que le risque d’encourir des amendes potentiellement colossales devrait suffire à atténuer les ardeurs de ceux qui revendiqueraient la co-responsabilité de la Pologne ou du peuple polonais dans l’Holocauste.
Ce dernier explique la modification de la loi par la « prise en compte du contexte international ». Il semblerait en effet, comme le rappelle Jakub Iwaniuk correspondant du Monde à Varsovie, que la pression exercée par les USA alliés de la Pologne mais aussi d’Israël ait fortement incité la majorité au pouvoir à procéder à des modifications. Il rappelle par ailleurs que les passages relatifs aux sanctions pénales sont contre-productifs.
A la suite de cette modification, une déclaration commune israélo-polonaise a été publiée rappelant la nécessité d’éviter « les obstacles juridiques » pouvant entraver l’émergence de la vérité historique. Cette déclaration insiste également sur la lutte à mener contre « toutes les formes d’antisémitisme et des stéréotypes négatifs nationaux notamment anti-polonais ».
Peut-on espérer un même infléchissement de la position du gouvernement polonais sur les désaccords avec l’Union européenne notamment sur la question migratoire ou la réforme de l’appareil judiciaire.
Seul l’avenir proche nous le dira…