L’Azerbaïdjan, la possible solution pour l’Union européenne ?

Par Edouard Pontoizeau

L’Union européenne ne semble pas baisser la garde concernant les sanctions économiques contre Moscou. Il est certain que ce n’est pas les récentes déclarations de Donald Trump visant la dépendance énergétique allemande vis-à-vis de la Russie qui favoriseront un rapprochement dans un futur proche. À vrai dire, de nombreux pays européens sont concernés par cette dépendance énergétique.

CARTE MONTRANT LES PRINCIPAUX GAZODUCS TRAVERSANT L’EUROPE ET TRANSPORTANT LE GAZ RUSSE (C) AFP. 2015

Depuis le début des années 2010, l’Union européenne semble s’être tournée vers un partenaire nouveau, moins susceptible d’appliquer la politique du « robinet », parfois capricieux lorsqu’il vient de Sibérie.

Signataire d’un APC avec l’UE en 1999 et membre du Partenariat oriental, l’Azerbaïdjan négocie depuis février 2017 avec l’UE un nouvel accord de coopération qui couvrira des domaines comme la sécurité, les droits de l’Homme, les questions climatiques et environnementales, et surtout la sécurité énergétique. Les deux premiers points ont toujours été plus ou moins laissés de côté, voire totalement occultés.

L’Azerbaïdjan ne peut se poser en véritable solution de substitution au géant gazier Gazprom, mais il peut s’agir d’une manière de contourner à minima certaines contraintes liées au quasi-monopole acquis à la Russie.

Le problème n’est pas induit aux réserves dont dispose l’Azerbaïdjan sous son sol et en dans la Mer Caspienne. L’ancrage des sociétés russes (infrastructures, réseaux de gazoducs, expertise du marché européen) en Europe est une raison plus crédible quant au réel problème de débouché de l’Union européenne. Il n’empêche que l’Azerbaïdjan parvient à jouer un rôle de fournisseur non négligeable désormais, et aspire à surmonter son retard, tant en matière d’extraction que de distribution. De façon inédite, plusieurs compagnies pétrolières/gazières européennes, British Petroleum en tête de pont, se sont lancées très récemment dans des projets pharaoniques de plateforme d’exploitation au large de la côte azerbaïdjanaise.

En effet, « la majorité des échanges commerciaux de l’Azerbaïdjan s’effectue avec l’Union européenne, avec une part de 41,6% » du volume des imports/exports totaux.» « Avec une part de 20,8%, l’Italie est devenue en 2017 le premier partenaire commercial de l’Azerbaïdjan (3ème en 2016), en raison justement de l’importance de ses achats d’hydrocarbures (4,7 Mds USD) ».

On peut noter deux points « positifs » essentiels concernant ces nouvelles relations bilatérales.

  • Parvenir à réduire la dépendance du fournisseur russe, principal moyen de pression de ce dernier vis-à-vis des pays d’Europe centrale et orientale, ainsi que de l’Union européenne dans les négociations diplomatiques.
  • Le renforcement de l’Union européenne sur la scène internationale dans le Caucase, en devenant l’un des principaux partenaires de l’Azerbaïdjan et en prolongeant la politique de voisinage du Partenariat oriental.

Aux deux points « positifs », s’ajoutent les revers de la médaille au nombre de deux.

  • Les questions de droits de l’homme, de lutte contre la corruption et de transparence des relations commerciales sont reléguées en second rang des discussions entre l’UE et l’Azerbaïdjan.
  • Le faible incitatif de constituer une politique de transition énergétique et de se défaire de l’énergie fossile.

Enfin, nous pouvons inclure un autre fait, qu’il serait moins justifié de catégoriser comme point négatif. Il s’agit du contrôle inexistant de l’utilisation de la manne financière (armement, corruption, etc.). L’armement semble néanmoins se tourner en opposition à l’Iran (voisin théocratique inquiétant pour l’Azerbaïdjan séculaire) et dans la lutte contre le terrorisme, bien qu’ayant aussi comme victime un allié historique de nombreux pays européens, l’Arménie.

Par conséquent, plusieurs questions se posent sur d’autres aspects des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Union européenne : Qu’en est-il des objectifs réels de la politique de voisinage ? Comment ré-imaginer des relations autres que purement commerciales avec ses partenaires ?

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