Brèves des Balkans

Février 2018

Le dilemme serbe

Belgrade-Moscou-Bruxelles : Le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov en visite à Belgrade cette semaine, à l’occasion des 180 ans des relations diplomatiques entre les deux pays, a réaffirmé la position de la Russie par rapport à l’indépendance du Kosovo et replacé la Serbie au coeur du dilemme, entre satisfaire les exigences européennes et la poursuite de ses relations avec la Russie. Lors de la conférence de presse donnée jeudi, le ministre des affaires étrangères serbe a déclaré « La Serbie ne peut pas défendre ses intérêts nationaux sans l’aide de la Russie » ce à quoi le président Aleksandar Vucic a ajouté « La Serbie ne changera pas sa politique envers la Russie ». Durant cette conférence, le président serbe a rappelé que la Serbie n’adopterait pas les sanctions à l’égard de la Russie, à la demande de l’UE. Le ministre des affaires étrangères russe a accusé l’UE et l’OTAN de créer une « situation malsaine » en Europe due « aux tentatives de certains membres de l’EU et de l’OTAN à pousser à l’est sans tenir compte de l’opinion des populations ».

Alors que l’intensification des relations avec l’UE avec l’adhésion de la Serbie et du Monténégro prévue en 2025, matérialisées par le nouveau plan européen, la Serbie ne semble pas souhaiter faire de choix entre son ancien allié et Bruxelles.

http://www.balkaninsight.com/en/article/russian-fm-visit-to-serbia-underline-division-02-20-2018

http://www.balkaninsight.com/en/article/russian-foreign-minister-support-independent-course-of-serbia–02-22-2018

Janvier 2018

Assassinat du leader du parti serbe du Kosovo “Liberté, Démocratie, Justice”

Mitrovica – Kosovo : Le leader du parti serbe du Kosovo, « Liberté, Démocratie, Justice » Oliver Ivanovic a été assassiné le 16 janvier devant les bureaux de son parti. Considéré comme modéré, Ivanovic avait tenu un rôle majeur dans les négociations avec l’OTAN et l’UE et œuvrait pour un avenir de paix au Kosovo, grâce au processus de réconciliation entre les Serbes et les Kosovars. Un processus en cours qui « fonctionnait bien » selon Bernard Kouchner, à la tête de la mission des Nations Unies au Kosovo en 1999. En apprenant le drame, les négociateurs du gouvernement serbe à Bruxelles ont quitté la séance de discussion tenue dans le cadre des pourparlers entre le Kosovo et la Serbie sous l’égide de l’Union Européenne. Il s’agit d’« un acte de terrorisme contre la Serbie que nous traiterons comme tel » a déclaré le Président serbe A. Vucic. Le président du Kosovo, H. Thaci, a également condamné le crime et promet de poursuivre ses auteurs en justice. Lors d’une de ses dernières interviews,

Oliver Ivanovic, vu comme le seul candidat pouvant rivaliser avec l’autre parti serbe du Kosovo, soutenu par Belgrade, Srpska Lista, était devenu un ardent critique du rôle du gouvernement serbe dans les élections. Ivanovic avait notamment décrit une atmosphère de peur liée aux campagnes de calomnies à son égard dans les médias locaux. Son parti vaincu aux élections, les attaques n’avaient que redoublé et le maire de Mitrovica, dans une déclaration officielle l’avait accusé d’agir contre les intérêts de la Serbie. L’homme politique n’en était pas moins perçu comme la voix authentique des Serbes du Kosovo, ouvert au dialogue, et représentant de la réalité quotidienne des Serbes du Kosovo, décalée par rapport au discours plus nationaliste de Belgrade. Quatre jours après l’assassinat, le président Vucic s’est rendu sur place, “ où d’importants moyens de sécurité sont déployés dans la ville”. Les tensions qui existent depuis déjà plusieurs mois  dans la région et l’assassinat d’Ivanovic pourraient rendre la zone du nord du Kosovo encore plus sensible et ralentir le  processus de réconciliation.

Oliver Ivanovic, leader du parti serbe du Kosovo, assassiné le 16 janvier à Mitrovica

Novembre 2017

Un suicide « sacrificiel »

Zagreb-La Haye. Alors que Zagreb s’attendait à un acquittement de Slobodan Praljak, le spectaculaire empoisonnement du général croate devant les caméras du monde entier a déplacé le débat.

Photo l’Express

Le gouvernement croate dénonce la justice internationale.  « Son acte exprime la profonde injustice morale envers ces six Croates et le peuple croate », a déclaré le Premier ministre croate Andrej Plenković. Le membre croate de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, Dragan Čović a, quant à lui, déclaré que le TPIY « n’est pas une cour de justice mais une cour politique…et les juges, des marionnettes entre les mains de ceux qui envoient les messages ». Pour le serbe Vojislav Šešelj, acquitté en 2016, ce suicide est « un geste héroïque…qui attire le respect ».

Madagascar reconnaît l’indépendance du Kosovo

Pristina, District de Pristina

Dix ans après la proclamation d’indépendance du petit Etat du sud des Balkans, Madagascar a reconnu officiellement le KosovoPlus de 110 pays l’ont déjà fait, dont les Etats-Unis et la plupart des pays européens. Deux pays sont récemment revenus sur leur décision, le Suriname et la Guinée-Bissau, l’oeuvre « du lobby diplomatique serbe anti-reconnaissance » qui s’emploie à faire baisser le nombre de pays de la liste, selon Pristina.  « Cette fameuse liste des 144 pays qui auraient reconnu le Kosovo, vous allez voir qu’elle va finir par tomber en dessous de 100 », a lancé le ministre des Affaires étrangères serbe,  Ivica Dačić .

Réactions après la condamnation de R. Mladic par le TPIY

Serbie

« Un acte de justice internationale et de satisfaction pour les victimes de la guerre de Bosnie…la population ethnique albanaise tout comme les Bosniens ont souffert de toutes les formes de crimes décrits dans les charges contre Mladic » Behgjet Pacolli, Ministre des affaires étrangères du Kosovo,

Belgrade : « Ni un jour de joie, ni de tristesse mais un jour pour réfléchir au futur que nous voulons » Aleksandar Vucic, Président serbe.

Banja Luka : «Le général Mladic était un héros, il sera jugé par l’histoire plutôt que par les tribunaux » Milorad Dodik, chef politique de l’unité serbe de Bosnie

Une frontière contestée

Pristina-Podgorica. Le nouveau Premier ministre du Kosovo, Ramush Haradinaj, relance le dossier sensible de la frontière commune avec le Monténégro, en nommant une nouvelle commission. Le règlement de ce différend qui concerne 8000 hectares au nord du Kosovo reste une condition préalable à la libéralisation des visas par l’UE.

Provocation dangereuse

Bosnie-Herzégovine-Kosovo-Serbie. Le membre de la présidence tripartite de Bosnie-Herzégovine, Bakir Izetbegovic, « espère que la Bosnie-Herzégovine reconnaîtra le Kosovo » et que « cela aurait déjà dû être fait ». La déclaration de B. Izetbegovic, musulman (Bosniaque), quelque peu rectifiée par son conseiller en communication, a tout de même eu l’effet d’une bombe en Serbie. Le Conseil de sécurité se réunit 48 heures après, à la demande du président serbe, Aleksandar Vucic. Le secrétaire du Conseil de sécurité et ministre de l’Intérieur serbe, Nebojsa Stefanovic a souligné que « quiconque dit vouloir reconnaître la soit-disante indépendance du Kosovo appelle directement à l’irrespect de la souveraineté de la Serbie et à son intégrité territoriale ». L’ancien ambassadeur américain en Serbie de 2002 à 2004, William Montgomery espère « une forte réaction de la communauté internationale » à ce qu’il considère être « un provocation dangereuse » qui pourrait aggraver l’instabilité dans la région

Tensions diplomatiques

Serbie-Ukraine. L’Ambassadeur ukrainien en Serbie, Oleksandr Aleksandrovitch a déclaré lors d’une interview que « la Serbie ne faisait rien pour pour résoudre le problème » des volontaires serbes combattants aux côtés des forces pro-russes à l’Est de l’Ukraine, dont le nombre serait d’environ 300 aujourd’hui, selon les sources diplomatiques ukrainiennes et ce, malgré la loi serbe de 2014 interdisant à ses citoyens de se joindre à des conflits à l’étranger. L’Ambassadeur ukrainien accuse Belgrade de complaisance et Moscou “d’utiliser la Serbie pour détruire l’Europe”. Des « propos scandaleux…portant atteinte aux relations russo-serbes… et violant la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques » a dénoncé le Ministre des Affaires étrangères serbe, Ivica Tonchev.

Le mur mental des Balkans et l’Europe

Balkans-Kosovo. Le Président du Kosovo depuis 2016, Hashim Thaçi, a appelé l’Union européenne à « abattre le mur mental dans les Balkans », reprenant ainsi l’expression de R. Reagan en 1987 en Allemagne de l’Ouest « Tear this wall down. » Hashim Thaçi dénonce une politique de droite menée par l’Union européenne, qui laisserait sur le côté les pays des Balkans à majorité musulmane et albanaise pour privilégier l’adhésion du Monténégro et de la Serbie en 2025. Un processus d’adhésion injuste, selon le Président du Kosovo, non reconnu par cinq pays membres de l’Union européenne.

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